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« Voyage varié sur le fleuve Congo »

Le navire nommé Miracle-de-Dieu a débuté son périple en partant de Kinshasa, naviguant de manière pacifique sur le cours du fleuve Congo. L’espace à bord est partagé par les passagers et les marchandises qui s’y trouvent, et les occupants passent leur temps à jouer à des jeux de société, en espérant échapper aux problèmes techniques récurrents et aux collisions fréquentes.

Le navire est une « baleinière de métal », plus lente que ses homologues en bois, mais considérée comme étant plus sécuritaires. En effet, ces barges souvent surchargées et en mauvais état, sont souvent l’objet de naufrages dont le bilan humain reste inconnu, car le nombre exact de passagers à bord est indéterminé.

Relier les 520 kilomètres qui séparent Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo (RDC), à Lukolela, une région de pêcheurs de la province d’Equateur, a pris une semaine au Miracle-de-Dieu. Ce voyage a eu lieu entre fin mars et début avril, avec à son bord un photographe de l’Agence France-Presse (AFP). Ce délai de trajet peut varier, prenant en compte d’éventuelles pannes de moteur ou des averses tropicales sur le chemin. Rappelons qu’une mésaventure lors du voyage précédent a coûté la vie à deux passagers, suite à un accident violent lorsqu’un cordage a lâché.

La RDC est un vaste pays d’Afrique centrale de 2,3 millions de kilomètres carrés, où les routes praticables sont peu nombreuses et où les connexions aériennes desservent un nombre limité de villes. Ainsi, de nombreux commerçants sont contraints d’utiliser le réseau fluvial comme moyen principal de transport pour leurs marchandises.

Eric Ndungu, un homme d’affaires âgé de 41 ans, marié et père de cinq enfants, a survécu de justesse à un accident de bateau survenu en novembre 2023, quand son embarcation en bois s’est heurtée à un autre navire venant du Congo-Brazzaville. Le drame a fait 48 victimes, selon ses dires.

Chaque année, Eric réalise trois allers-retours entre Kinshasa et la province de la Mongala pour son commerce. Pour sa protection cette année, il a choisi de voyager sur un bateau métallique, bien que son coût soit plus élevé. Ce type de bateau est considéré comme « luxueux », bien que le confort qu’il propose soit discutable.

Le vrai luxe, pour lui, est d’avoir un coin chez le capitaine, le gestionnaire ou les marins. Ceux qui ont réussi à obtenir un espace pour dormir se relayent, espérant constater, à leur réveil, que le bateau a avancé en bonne voie. Les « chambres » sont en majorité occupées par des marchandises, qui sont plus rentables à transporter que les passagers.

Un autre commerçant, Dieudonné Mokake, âgé de 43 ans, croit que cette méthode de voyage offre « 80% de sécurité », mais seulement « 10% de confort ». Il a ensuite ajouté : « Pour dire la vérité, je dirais même 0%. »

Dieudonné élucide que chacun peut devenir armateur. « Je m’installe directement sur le sol et je dors comme ça sous les étoiles, exposé aux éléments. Parfois, je me réfugie dans une petite embarcation attachée au bateau », a-t-il expliqué. « Les marchandises rapportent beaucoup, mais nos vies ne sont pas sans valeur! », a-t-il protesté.

En écho aux sentiments de nombreux autres voyageurs, il regrette vivement l’ère dorée de l’Onatra (Office national des transports), fondé au début des années 1970, mais qui fut plus tard victime de la libéralisation du transport fluvial, donnant la possibilité à tout un chacun de se transformer en armateur. Selon les voyageurs, l’époque était marquée par un confort assuré, des cabines doubles, et chaque barge était équipée d’un restaurant.

A bord du Miracle-de-Dieu, comme sur d’autres navires, chaque passager doit se débrouiller avec sa propre nourriture. Au début du voyage, ils se contentent de boîtes de sardines et de pain. Par la suite, les « mamans » cuisinent à bord. Au menu, une bouillie pour le petit déjeuner et au dîner, du poisson du fleuve accompagné de foufou ou de chikwangue, un plat traditionnel du bassin du Congo, préparé à base de farine de manioc ou de maïs.

En octobre 2023, selon le compte rendu d’une réunion du conseil des ministres, le président, Félix Tshisekedi, a demandé au gouvernement de concevoir « un plan d’action » pour faire du fleuve Congo un « moteur de développement économique » pour le pays.

Une fois de plus, l’objectif était de tout mettre en œuvre pour éviter les naufrages aux « conséquences humaines dramatiques », d’imposer aux transporteurs des contrats d’assurance, de « lutter contre les bateaux de fortune » et d’intensifier la surveillance du trafic fluvial.

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