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Évolution des codes de séduction masculins

Dans les shows télévisés américains, l’éveil amoureux des adolescents se déroule traditionnellement à la plage, avec des jeux d’eau et des poursuites effrénées sur le sable. Toutefois, à Paris, c’est à la patinoire que ces jeunes se rassemblent pour espérer faire des rencontres. Rachid, 17 ans, sympathique visage rond et portant un pull orné de Naruto, le protagoniste d’un célèbre manga, a organisé une rencontre avec ses camarades de lycée dans le 19e arrondissement de la capitale française. Écouteurs blancs solidement fixés aux oreilles, ils enfilent leurs patins et commencent à se taquiner, tout en repérant les filles de leur âge qui patinent autour de la piste. Ils vont même jusqu’à organiser un jeu de « pierre-papier-ciseaux » pour voir qui aura pour défi de s’approcher de la fille portant un sweat bleu et une queue de cheval. Lorsqu’ils discutent entre eux de leurs relations avec le sexe opposé, ces jeunes garçons, tous hétérosexuels et célibataires, prétendent avoir une confiance certaine, ponctuant leurs discussions d’un langage plutôt simpliste. Ils parlent de « celles que tout le monde a connues », des « ex de leurs amis » avec qui « on ne va pas ».

Lors d’un entretien individuel avec Rachid, d’autres questions surgissent. « C’est difficile de plaire aux filles, d’anticiper ce qu’elles aiment, cela varie constamment. Certaines trouvent ridicule de dévoiler ses sentiments, d’autres aiment cela car ça favorise l’intimité… », hésite le lycéen aux cils longs et aux boucles blondes. Rachid a rarement abordé le sujet de la vie sexuelle et affective avec ses parents. « Ma mère est assez réservée, elle m’a juste conseillé : “Fais attention, n’aie pas d’enfants trop tôt” », confie-t-il.

Tout comme bon nombre de ses copains, l’adolescent a obtenu quelques connaissances relatives au consentement pendant des séances d’éducation dispensées à l’école et au centre social qu’il fréquente après les heures de classe. « C’est la norme de base, je crois fermement que s’il n’y a pas de consentement explicite, rien ne doit se passer », affirme fortement Rachid. « Selon moi, on ne devrait pas être trop agressif. lorsque je suis attiré par une fille, j’essaie d’abord de lui faire rire et de lui faire des compliments sur sa tenue… Je cherche à comprendre ce que ses yeux me disent, je me demande si elle m’aperçoit de la même manière que je la vois », explique-t-il.

Quel est l’impact du mouvement #metoo sur l’attitude des adolescents envers la séduction? Les modèles de virilité sont-ils réellement remis en question dans les salles de classe, comme le laissent supposer les représentations nettement queer de séries telles que Sex Education (Netflix, 2019-2023) et Euphoria (HBO, depuis 2019)? Le sixième rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes sur l’état actuel du sexisme en France, sorti en janvier, révèle de nouveau une triste réalité: les stéréotypes machistes sont toujours en hausse chez les jeunes hommes. Par exemple, 40 % des personnes interrogées âgées de 25 à 34 ans considèrent qu’un homme doit cacher ses émotions pour être respecté, tandis que 23 % d’entre eux admettent avoir déjà provoqué au moins une situation de non-consentement.

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