Est-ce une manifestation de pessimisme qui frappe le groupe de cyclistes de plein fouet ? Conformément à la tradition, le tracé du 112ème Tour de France a été présenté au Palais des congrès à Paris, le mardi 29 octobre. En général, cet événement attire l’élite du cyclisme mondial, tous impatients de découvrir le programme de l’été. Si certains grands noms ont fait une apparition – avec une mention particulière pour le sprinter britannique Mark Cavendish, qui a reçu les applaudissements les plus entêtés -, aucun des coureurs ayant fini parmi les 20 premiers à l’édition 2024 n’était présent.
Il est indéniable que, quel que soit le parcours, le favori incontesté reste Tadej Pogacar. Le Slovène a dominé le dernier mois de juillet, et presque tout le monde s’attend à ce qu’il fasse de même pour la prochaine édition. Pourtant, le nouveau champion du monde était absent ce mardi. « Je ne pourrai pas être à Paris, mais je vais suivre attentivement toutes les discussions et je suis très excité. Le Tour de France sera un de mes objectifs », avait-il déclaré dimanche 27 octobre, lors d’une interview avec le média italien Tuttobiciweb. Il est donc fort probable que le Slovène ait écouté attentivement Christian Prudhomme, directeur du Tour de France, dévoiler le programme des trois semaines de compétition, qui se dérouleront du 5 au 27 juillet 2025.
Il était déjà connu que certains détails seraient présents. Comme le « grand exode » attendu depuis longtemps dans la région des Hauts-de-France. Après une période de trois ans d’exil en dehors de la France, le démarrage sera fait à Lille, tout comme en 1960 et 1994. Les participants commenceront leur voyage – qui aura lieu uniquement en France – par un circuit de 185 kilomètres qui finira là où il a débuté, dans la ville capitale des Flandres.
Le jour suivant, Jonas Vingegaard – victorieux à deux reprises du Tour de France et second après Tadej Pogacar en 2024 – aura, avec les autres concurrents, l’occasion d’essayer de bouleverser l’ordre établi lors de l’étape entre Lauwin-Planque (Nord) et Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), une distance de 212 kilomètres. Le parcours comprendra les pentes de Saint-Etienne-au-Mont (900 m à 11 %) et d’Outreau (800 m à 8,8 %), susceptibles de disperser les coureurs à une dizaine de kilomètres de l’arrivée, surtout si le vent se lève.
La dernière étape dans la région du Nord, une course de 172 km de Valenciennes à Dunkerque – où le français Christophe Moreau avait revêtu le maillot jaune en 2001 après avoir gagné le prologue – pourrait se dérouler dans une atmosphère plus tranquille, jusqu’à ce que les coureurs les plus puissants se regroupent pour un sprint massif probable.
Des Pyrénées impressionnantes.
Les hommes rapides auront de nouvelles opportunités pour s’illustrer et suivre les traces de Jasper Philipsen, qui a remporté trois victoires en 2024. Biniam Girmay, le détenteur actuel du maillot vert, était à Paris mardi, et il a sûrement déjà repéré des étapes prometteuses pour lui, comme la neuvième qui relie Chinon à Châteauroux sur 170 kilomètres, ou la dix-septième, de Bollène à Valence, sur 161 kilomètres. Mais l’ultime étape, la plus prestigieuse qui se termine à Paris est la plus attendue.
En raison des Jeux Olympiques, le Tour de France a dû sacrifier son traditionnel finish sur les Champs-Elysées l’été dernier, optant plutôt pour une course contre la montre entre Monaco et Nice. Cette fois-ci, les sprinteurs seront de retour sur leur terrain de jeu favori. C’est aussi un incitatif pour eux de persévérer au cours des trois semaines, car le parcours s’annonce exigeant avant Paris.
Dès la cinquième étape, il y aura une épreuve de contre-la-montre de 33 kilomètres de Caen à Caen. Comme l’annonce Christian Prudhomme, « c’est un parcours plat, destiné aux spécialistes de cette épreuve » et les leaders au classement général ne pourront se permettre de le négliger. À partir de là, le peloton poursuivra sa route vers les Pyrénées, en passant par le Massif central, le 14 juillet pour la dixième étape. Les Français espéreront s’illustrer lors de cette étape « qui va alterner entre montées et descentes toute la journée ». Il est difficile de contredire le directeur de l’épreuve puisque pas moins de sept cols seront au programme entre Ennezat et le Mont-Dore sur un parcours de 163 kilomètres.
Le 19 juillet, nous mettons le cap sur les Pyrénées pour l’un des segments majeurs entre Pau et Luchon Superbagnères (Haute-Garonne), un terrain sur lequel Tadej Pogacar, connu pour ses attaques à distance, pourrait trouver une opportunité. L’itinéraire dur en montée comprend notamment le Tourmalet (19 km, 7,4%), Superbagnères (12,4 km, 7,5%), le col d’Aspin (5 km, 7,6%) et le col de Peyresourde (7,1 km, 7,8%). Cette épreuve gigantesque survient juste après un contre-la-montre difficile la veille entre Loudenvielle (Hautes-Pyrénées) et Peyragudes (11 km).
L’avancée vers l’est du pays après quelques étapes de transition, si elles existent vraiment dans le Tour de France, conduira les coureurs face à face avec les montagnes des Alpes. Avec la fatigue cumulée et l’ampleur des enjeux du classement, on pourrait voir des étapes imprévisibles, surtout compte tenu des redoutables sommets qu’ils doivent affronter, parmi lesquels le mont Ventoux, lors de la seizième étape, le 22 juillet.
Seulement deux jours après, le Tour reprendra un parcours montagneux. Cette fois, ils prendront la route du col de la Loze, dont les pentes féroces de 26,5 km avec une moyenne de 6,5% de pente ont été incluses dans les éditions 2020 et 2023 du Tour. Ce sera faisable lors de la dix-huitième étape.
La perspective de terminer une étape avec un dénivelé positif de 5 500 m – un record pour cette édition – pourrait donner des sueurs froides à Tadej Pogacar, qui est bien placé pour remporter la victoire à cette étape de la course. Cependant, la mémoire de sa défaillance en 2023, qui avait anéanti ses espoirs de victoire finale contre Jonas Vingegaard, pourrait provoquer quelques cauchemars.
Le Tour de France 2025 promet de la diversité, un détail qui ne manquera pas de plaire au talentueux Slovène qui a démontré sa capacité à triompher sur presque tous les terrains. C’est une mauvaise nouvelle pour Mark Cavendish, récent détenteur du record du nombre d’étapes gagnées sur le Tour de France, qui voit déjà l’ombre du Slovène et ses 17 victoires se profiler, alors que ce dernier n’a que 26 ans. D’ailleurs, le vorace Pogacar, qui a renouvelé son contrat avec l’équipe UAE Emirates jusqu’en 2030, ne semble pas près de se satisfaire.