« C’est un voyage vers l’ennui ». Les cotes de visionnage de l’équipe française de football sont tombées en dessous de la barre des 4 millions de spectateurs (France-Israël, le 10 octobre). Personne ne connaît réellement les chiffres de la Ligue 1, à part qu’ils sont pitoyablement bas sur sa nouvelle plateforme de diffusion, DAZN. Même les audiences de la Ligue des Champions sont en baisse.
Les signes d’épuisement sont de plus en plus évidents. Le jeu lui-même semble s’enfoncer dans la monotonie, une hypothèse qui mérite d’être examinée. En raison de la mondialisation et d’une rationalisation tactique extrême, les styles propres à chaque pays ou club se sont généralisés.
Alors que le niveau technique et physique des joueurs n’a jamais été aussi élevé, leur performance semble mécanique et stéréotypée – probablement à cause d’une exigence de plus en plus impérative de résultats, qui n’accepte plus les erreurs.
Cela peut être entendu, mais ce sentiment difficile à prouver cache des causes plus profondes.
De l’abondance à la surcharge
Pour commencer, alors que de nombreux footballeurs expriment leur inquiétude face à l’épuisement physique et mental causé par des emplois du temps surchargés, il ne devrait pas être surprenant que le spectacle perde en qualité. L’Euro 2024 décevant a confirmé la dépréciation du football national, mais toutes les compétitions sont touchées.
De plus, penser que cela ne concerne que la philosophie du jeu est ignorer tout ce qui a abîmé le football. Soyons honnêtes : ce sport, dans lequel le score peut rester à zéro, qui a toujours délivré des « galères » et n’offre aux fans que de rares moments de joie payés mille fois, n’a jamais assuré le plaisir.
En cherchant à le rendre toujours plus captivant et divertissant, on a finalement conduit le football vers la monotonie. Cela s’est fait en créant ou en exagérant des compétitions qui multiplient les « matchs vedettes ».
L’UEFA a introduit la Ligue des nations en remplacement des matchs amicaux et a réformé sa Ligue des champions avec une constructio ncompliquée offrant 64 matchs supplémentaires. Quant à la FIFA, elle a élargi la Coupe du monde des nations de 32 à 48 équipes et la Coupe du monde des clubs de 7 à 32 participants dès juin 2025, sans atteindre les montants des droits de diffusion escomptés.
Le football est passé d’un régime de rareté à un régime d’abondance, ce qui est paradoxal puisque l’accès aux compétitions diffusées est devenu de plus en plus onéreux et éparpillé sur plusieurs canaux. Le système est rentable, pour le moment, mais rendre un sport invisible ne garantit pas son avenir.
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