Lors d’un doux soir de mi-octobre, l’équipe de cadettes du Saint-Denis Rugby 93 (Seine-Saint-Denis) s’est réunie sur le terrain synthétique du stade du Landy pour améliorer leurs techniques de jeu après avoir remporté un match régional la veille. Que ce soit en pantalon de survêtement ou en collants, beaucoup d’entre elles portaient un hidjab de sport ou un simple foulard noué à la nuque. Leur entraîneur, Emmanuelly Mbokanga, ne voit aucun problème à cela. Il est fier de travailler depuis trois saisons avec une équipe complète, ayant fait beaucoup pour promouvoir le rugby féminin dans les écoles et les quartiers.
Toutefois, le foulard porté par la majorité des joueuses est devenu une question de préoccupation pour la Fédération française de rugby (FFR). En effet, depuis juillet, la FFR a ajouté une clause à son règlement interdisant explicitement le port de signes religieux. Très peu connu des clubs, cette mesure est conforme à une tendance générale au sein des fédérations sportives françaises. Sylvain Deroeux, secrétaire général de la FFR, indique qu’ils ont reçu des directives du Ministère et ont rencontré quelques situations conflictuelles avec les arbitres. Il justifie l’ajout de cet article par la nécessité de clarifier une situation jusqu’alors floue.
La législation du 24 août 2021 a établi que les employés et les équivalents des services publics, même gérés par des entités privées, doivent éviter toute démonstration de leurs croyances et opinions dans l’exécution de leurs devoirs. Ce principe de neutralité ne concerne pas les utilisateurs. Toutefois, sous le leadership de Roxana Maracineanu et Jean-Michel Blanquer, le ministère des sports insiste constamment sur le fait que ce principe doit également être respecté par les athlètes.
« Pratiques discriminatoires », selon Amnesty International
En réponse à cette situation, Amnesty International a publié un rapport portant sur cette question, intitulé « Les violations des droits humains des femmes musulmanes et des filles en raison de l’interdiction du voile dans le sport français ». Ce document, publié le 16 juillet, à la veille des Jeux olympiques, dénonce des « pratiques discriminatoires ayant des conséquences désastreuses » et observe que la France est « le seul pays d’Europe qui interdit le port de voiles religieux dans le sport ».
La position n’a pas évolué sous le gouvernement de Michel Barnier. « Nous continuerons à défendre le principe de laïcité partout où c’est nécessaire. Chaque club est un espace sûr et protecteur. Il n’y a pas de place pour le prosélytisme », a déclaré le nouveau ministre des sports, Gil Avérous, le 23 septembre. Au sein de son cabinet, on précise que chaque fédération a le pouvoir de « déterminer si l’interdiction est nécessaire et de définir son cadre exact ». En pratique, les applications de ce principe varient d’un sport à l’autre et le débat sur la neutralité dans le sport continue de faire des vagues.
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