Coupe America : succès ou arnaque ?

Au-dessus des flots, des merveilles de l’océan semblent flotter, leur coque d’environ 22 mètres est portée par les foils (des ailerons aquatiques), permettant aux AC75 de filer sur l’eau à une vitesse approchant les 50 nœuds (92 km/h). A proximité du Port Olympique de Barcelone, une multitude de grands yachts, de bateaux touristiques et de petit navires se rassemblent, coque à coque, derrière les bouées qui définissent le terrain de jeu de la 37e Coupe de l’America, afin de jouir de la meilleure vue sur les prouesses des monocoques futuristes. Dans les zones dédiées aux fans sur la plage de la Barceloneta et le Port Vell, des écrans immenses offrent aux spectateurs une vision détaillée de ce qui se produit à bord, à seulement quelques mètres du rivage. Depuis le 12 octobre, début de la finale entre le challenger britannique Ineos Britannia et le defender néo-zélandais Emirates Team New Zealand, les fans néo-zélandais ont afflué en masse. Si leur équipe remporte la victoire le samedi 19 octobre, ils peuvent à nouveau gagner la plus ancienne compétition internationale de voile, qui date de 1851.

Jaume Collboni, le maire socialiste de la ville catalane, exprimait son contentement trois jours avant le déroulement de l’événement. Pour lui, la Coupe de l’America symbolise un tournant pour Barcelone, une illustration de la renaissance et de la confiance retrouvée de la ville. C’est également un prétexte parfait pour transformer le littoral et reconnecter la ville à la mer.

Avant de servir de lieu pour la compétition, le Port olympique a subi d’importantes rénovations, transformations et modernisations. Conçu pour les Jeux olympiques de 1992, il s’était transformé en un lieu festif et de loisirs pour les touristes alcoolisés, à un point tel que la qualité du lieu a baissé, gagnant une réputation douteuse et étant finalement abandonné par les habitants de Barcelone eux-mêmes. Aujourd’hui, les endroits en face des quais sont réservés pour des entreprises liées à « l’économie bleue » en rapport avec la mer. De plus, l’école municipale de voile a fait l’objet de rénovations et un nouvel espace gastronomique a été inauguré. On y a également renforcé la digue et inclus de nouvelles infrastructures submergées, en tenant compte de la violence des tempêtes et des changements climatiques, tout en favorisant le renouveau de la vie marine. Un grand stationnement a été transformé en une place publique. De plus, des pergolas, apportant de l’ombre et recouvertes de panneaux solaires, ont été aménagées pour des expositions. « Notre objectif est que les Barcelonais retrouvent leur place ici », commente Olga Cerezo, la directrice du Port olympique. Le projet, dont 60% a déjà été réalisé, a déjà coûté environ 60 millions d’euros, et a été loué par les résidents de la région.