L’examen des performances récentes ne laisse aucune place au doute. À l’avenir, rien ne semble pouvoir barrer la route à Tadej Pogacar. Telle était l’analyse de David Gaudu, le cycliste français, à la veille du Tour de Lombardie le 12 octobre dernier. Il précisait, en synthétisant l’état actuel des choses : « Tadej est l’un des participants. J’estime, tout comme 99% des équipes, qu’il sera le vainqueur. Nous sommes d’accord avec cela ». On ne peut donc pas reprocher à ce coureur de la Groupama-FDJ son attitude résignée.
En effet, le champion du monde, récemment vêtu de son maillot arc-en-ciel, est loin de déstabiliser ce Slovène de 26 ans. Au contraire, ce nouveau titre ne fait que renforcer sa confiance, qui n’avait nullement besoin d’être stimulée. Sa victoire en solo lors du Tour d’Emilie une semaine auparavant en est une preuve éclatante. Il y avait donc peu de chances que l’épreuve de samedi dernier dans le nord de l’Italie puisse lui échapper, surtout qu’il était le tenant du titre pour la troisième fois et que le parcours semblait spécialement conçu pour lui.
C’est donc sans grande surprise que Tadej Pogacar a franchi seul la ligne d’arrivée à Côme vers 16h45 devant plusieurs milliers de spectateurs, se joignant ainsi à la légende locale Fausto Coppi dans l’histoire de la course. Coppi est le seul autre homme qui avait réussi à remporter quatre victoires consécutives lors de la « classique des feuilles mortes ». Ce faisant, Pogacar a égalé le record du coureur italien Alessandro Petacchi, qui avait remporté 25 victoires en une seule année en 2005. À ce jour, personne n’a fait mieux au XXIe siècle. La saison de Pogacar est ainsi marquée par un triplé prestigieux.
Lors de cette dernière épreuve, le chef d’équipe de UAE Emirates avait tout planifié à la perfection, réussissant une attaque à 48 kilomètres de l’arrivée, lors de la montée du col de Sormano, la principale difficulté de la journée. Aucun de ses concurrents n’a réussi à le rattraper. Toute tentative de Remco Evenepoel, le Belge vu comme son plus grand adversaire, de le poursuivre a été vaine. À 24 ans, le champion olympique termine en deuxième position, 3min 16s derrière. L’Italien Giulio Ciccone (Lidl-Trek) arrive troisième, à 4min 34s. Deux Français réussissent à se hisser dans le top 10 : Pavel Sivakov en 6e position, lui aussi à 4min 34s et David Gaudu en 9e position, à 4min 58s.
Tadej Pogacar clôture ainsi sa saison avec une victoire en Italie, là où il avait commencé. Malgré ses nombreuses victoires précédentes, la saison 2024 de ce jeune Slovène restera inoubliable. Il rejoint en effet l’élite des cyclistes qui ont remporté dans la même année le Giro (avec près de 10 minutes d’avance sur le deuxième, le Colombien Daniel Felipe Martinez, et six victoires d’étape), le Tour de France (avec plus de six minutes d’avance sur le Danois Jonas Vingegaard et, là aussi, six victoires d’étape) et le championnat du monde sur route, après une échappée solitaire de 100 kilomètres. Avant lui, seuls deux autres athlètes avaient accompli un tel exploit : le « Cannibale » belge Eddy Merckx en 1974 et l’Irlandais Stephen Roche en 1987.
Le succès éclatant de ce jeune prodige du cyclisme a presque fait de l’ombre à ses autres exploits majeurs, dont sa victoire aux Strade Bianche et la conquête de la course mythique Liège-Bastogne-Liège, lors de la saison printanière ! « Tadej a eu une année exceptionnelle, au-delà de l’ordinaire », c’est ce que Remco Evenepoel déclarait, impressionné, lors des championnats du monde à Zurich (Suisse), à la fin du mois de septembre. Ce sentiment semble partagé par tous.
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