Catherine Destivelle, fameuse alpiniste et triple lauréate du championnat du monde d’escalade dans les années 80, a démontré que les femmes peuvent se hisser au même niveau que les hommes. À l’âge de 64 ans, cette pionnière a initié la finale des Jeux olympiques féminins d’escalade à Paris le 10 août. À ce jour, elle demeure la seule femme ayant reçu un Piolet d’or, l’équivalent de l’Oscar dans le monde de l’alpinisme, pour l’ensemble de ses réalisations professionnelles.
Son cheminement aurait été improbable sans le soutien de ses parents qui ont toujours encouragé ses rêves. Élevée en banlieue sud de Paris, à Savigny-sur-Orge, dans la cité du Grand-Vaux, elle vivait dans un environnement où la culture et l’éducation étaient valorisées, une véritable utopie de la décade 70. Sans télévision à la maison, elle et ses sœurs se rendaient chez leur enseignante chaque jeudi afin de regarder le feuilleton Belle et Sébastien. C’est ainsi qu’elle a fait connaissance avec les montagnes, relayées sur un écran en noir et blanc.
Elle a commencé à grimper autour de l’âge de 12 ans. Un brin téméraire, elle était considérée comme audacieuse. Bien qu’ils aient eu cinq filles, ses parents, son père étant ingénieur au Centre national d’études spatiales, les ont élevées comme s’ils élevaient des garçons. Leur enfance fut marquée par de nombreuses aventures, de la grimpette d’arbres et de poteaux à la balade en équilibre sur les parapets des ponts de Paris et sur les rochers de la forêt de Fontainebleau.
Chaque dimanche, à exactement six heures, mes parents m’ont permis de quitter la maison pour prendre le train de 8 h 23 à la gare de Lyon à Paris. Mon chemin me menait à travers une randonnée de 10 kilomètres dans les bois. J’étais le plus jeune membre du Club alpin français et cela était possible grâce à Fontainebleau, un endroit favori des premiers grands alpinistes parisiens pour l’entraînement.
Cependant, je ne me contentais pas de m’évader vers Fontainebleau. En cachette, je m’aventurais à gravir les pentes du Vercors et passais mes nuits dans la montagne. L’un des dimanches, je suis revenue avec une ophtalmie des neiges. Mes parents ont alors suspecté que Fontainebleau n’était pas mon seul terrain de jeux. La semaine suivante, j’ai surpris mon père m’attendant à la gare : c’était la fin de mes escapades secrètes. Ils attendaient de moi que je sois studieuse en classe, mais me laissaient une certaine liberté le reste du temps.
Pendant les vacances, je suis allée encore plus loin. En route, j’ai demandé à mon père de me laisser explorer l’Oisans seule. Il a accepté, en promettant de revenir me chercher après quatorze jours. J’avais alors 14 ans. Cette expérience m’a offert une importante leçon de confiance en soi. Par la suite, j’ai croisé le chemin de nombreux grimpeurs issus d’écoles renommées et de scientifiques. Ils m’ont encouragée à prendre mon tour. J’ai donc appris à grimper avec le courage d’un garçon, sans me plaindre, franchissant des sentiers que personne d’autre n’avait parcourus avant moi. C’était une époque sans téléphone, Internet ou magazine pour se comparer.
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