La révélation accueillie par un silence lourd a sans doute évoqué autant la situation tragique des Girondins de Bordeaux que l’attention accordée au football féminin professionnel. Suite à leur dégradation sportive en deuxième division à la fin de la saison 2023-2024, les femmes bordelaises ont été repoussées hors des compétitions nationales par la Directorate Nationale de Contrôle de Gestion (DNCG), l’autorité financière du football français, le 5 septembre. Une semaine après, le jeudi 12 septembre, elles ont découvert que le club ne contesterait pas la décision, vouant ainsi sa section féminine au monde amateur, la Régional 1.
Dans un message partagé samedi sur les plateformes sociales, l’attaquante de l’Olympique lyonnais et première lauréate du Ballon d’Or, Ada Hegerberg, a exprimé son mécontentement face à « l’indifférence » présentée par la réception de cette nouvelle. Une « honte, en 2024, année des Jeux Olympiques en France », a insisté la Norvégienne, apportant « tout [s]on soutien » aux joueuses.
Pour redémarrer pour une autre saison, les Bordelaises avaient besoin d’environ 1,2 million d’euros. Une somme que Sphera Partners LLP, un consortium britannique longtemps considéré comme un repreneur potentiel, n’a finalement pas réussi à garantir, faisant des féminines un préjudice secondaire des mésaventures de l’équipe principale masculine, rétrogradée administrativement de la Ligue 2 en National en juillet pour des motifs financiers, puis en National 2 après avoir été mise en redressement judiciaire par le tribunal de commerce.
L’administration des Girondins avait l’intention de ne plus gérer cette section, mais n’a pas réussi à l’intégrer dans son plan de rétablissement judiciaire. Lorsqu’il a été interrogé par So Foot, Arnaud De Carli, le nouveau vice-président de l’organisation sportive, a ciblé un récit économique: « Actuellement, le club est en mauvais état. Nous n’abandonnons pas les filles, nous essayons de sauver un club. » Le soutien des fans « Girondins Socios », des autorités locales et d’investisseurs privés n’a pas été suffisant.
Effectivement, il s’agit de la section la plus performante du club depuis plusieurs années. Durant la saison 2021-2022, les femmes Bordelaises participaient encore à la ligue des champions. Plusieurs joueuses françaises internationales tels que Viviane Asseyi, Charlotte Bilbault, et Eve Périsset – ainsi que d’autres joueuses qui se sont révélées sous le maillot scapulaire, y compris la Jamaïcaine Khadija Shaw (2019-2021), qui vient de remporter le titre de footballeuse de l’année avec Manchester City – témoignent de l’excellence de l’organisation.
L’équipe avait déjà subi des pertes suite à la relégation en deuxième division, et la rétrogradation en amateur privera, comme on pourrait s’y attendre, l’équipe de ses meilleurs joueurs. Hillary Diaz, une jeune milieu de terrain de 20 ans, a déjà rejoint l’Inter Milan, tandis que Laura Bourgoin, 31 ans, a déménagé à Marseille. Celles qui sont restées cherchaient autant des réponses que de nouvelles opportunités. Comme Andréa Lardez, 30 ans, au club depuis 2016, qui a suivi de près l’évolution de la situation tout au long de l’été. « J’attends, comme vous tous, des nouvelles », déclarait la défenseuse, avant que les Girondins ne décident de ne pas faire appel de la décision de la DNCG.
C’était prévu que la compétition de Régional 1 commence ce week-end, avec l’équipe réservée des « Girondines » qui avait été qualifiée sur le plan sportif, devant jouer contre le Pôle Pau, dimanche à 15 heures. Cependant, tous les matchs ont été reportés, en attente d’une clarification qui serait très utile, pour les autorités comme pour les joueuses.
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