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7 septembre 2024 0 h 50 min

Paralympiques : Morteza Mehrzad, meilleur volleyeur

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Il est difficile d’imaginer la vie de Morteza Mehrzadselakjani sans le volley assis, une discipline adaptée pour les athlètes handicapés. Ce géant iranien de 2,46 mètres a souffert d’acromégalie, une production excessive d’hormones de croissance, et a vécu en reclusion jusqu’à l’âge de 22 ans dans la ville de Roudsar, près de la mer Caspienne.

Sur le terrain, Morteza ne peut être ignoré. Etant le deuxième homme le plus grand du monde, il possède une capacité extraordinaire à jouer le ballon à près de 2 mètres. Son point de jeu a été mesuré à 1,96 mètres durant ces Jeux, ce qui est une avantage considérable avec un filet à une hauteur de 1,15 mètres et en face des adversaires audacieux essayant de le bloquer.

Le 6 septembre, Morteza s’est distingué comme le meilleur marqueur de la finale (27 points) disputée devant les 4 000 spectateurs ravis de l’Arena Paris Nord, à Villepinte (Seine-Saint-Denis). L’Iran a triomphé sur la Bosnie-Herzégovine avec trois sets à un (22-25, 30-28, 25-16, 25-14), remportant pour la huitième fois le championnat paralympique sur les treize éditions du tournoi masculin. Morteza Mehrad, son surnom, a été élu meilleur joueur du monde en 2019, 2021 et 2022 et compte aujourd’hui trois médailles d’or.

Morteza Mehrad, un homme d’une grandeur inhabituelle, contemple l’adversité depuis son adolescence. À l’âge de 15 ans, suite à un accident de vélo, il se brise le bassin, résultant en un arrêt de croissance pour sa jambe gauche, qui reste désormais de 15 centimètres plus courte que la droite. Ses défis physiques occasionnels l’ont contraint à se déplacer en fauteuil roulant et à s’appuyer sur ses camarades de jeu pour rester debout pendant les hymnes nationaux avant le début des matchs.

En dépit d’être l’objet de moqueries pendant sa jeunesse, sa destinée a changé de trajectoire lorsqu’il a été repéré par le sélectionneur iranien Hadi Rezaeigarkani en 2011, lors d’une émission télévisée dédiée aux individus qui sont hors du commun.

Rezaeigarkani, source influente derrière plusieurs victoires paralympiques de l’Iran (de 1988 à 2024, en tant que joueur et entraîneur), a transformé la vie de Morteza Mehrad. Cinq ans plus tard, Mehrad a remporté la médaille d’or paralympique à Rio.

Il y a quelques années, Mehrad a révélé qu’avant le volley, il se sentait déprimé et prisonnier, trop honteux pour sortir en public en raison de son apparence inusuelle. Cependant, le volley a transformé sa perspective de la vie. De victime de persécution, il est devenu un sportif de haut niveau trouvant une utilité à sa stature exceptionnellement grande. « Le corps que je considérais comme mauvais m’a beaucoup aidé et j’ai appris à en tirer parti », a-t-il partagé en juillet lors d’un entretien avec l’AFP après un entraînement à Téhéran.

À Paris, il n’a pas toujours été pleinement utilisé, jouant par exemple seulement un set contre l’Ukraine lors de l’ouverture et deux sets contre l’Égypte en demi-finales. Malgré sa fragilité, il a subi une opération du genou en 2023.

Morteza Mehrad, au cœur de l’attaque de son équipe, est un adversaire impitoyable. Cyrille Chahboune, membre de l’équipe française de volley-ball (qui a fini à la dernière position du tournoi paralympique), a discuté avec Le Monde au sujet de cette figure emblématique de son sport : « Il est un stratège au filet, maniant la balle comme une arme mortelle. » L’équipe française avait préparé une stratégie en prévision d’un match contre l’Iran : « Nous avons envisagé de rester en retrait lors de ses attaques. Il est inutile de bloquer. Il vaut mieux assurer sa défense. »

À Paris, comme à son habitude, le triple champion paralympique a fait sensation par son statut unique. Selon le Comité International Paralympique, l’athlète le plus grand ayant jamais participé aux Jeux Paralympiques a failli se retrouver à dormir sur le sol. Le Comité d’organisation a dû ajouter une troisième extension à son lit adaptatif en carton. Les deux extensions précédentes, initialement prévues pour l’accommoder, n’étaient pas suffisantes. À son retour en Iran, nul doute que le sort de Morteza Mehrzadselakjani lui réservera un lit sur mesure, adapté à sa stature imposante.