La stupéfaction a envahi le Grand Palais. Beatrice Maria Vio Grandis, surnommée « Bebe Vio », double championne paralympique en titre, a été éliminée en demi-finales du tournoi d’escrime en fauteuil roulant suite à son match contre la Chinoise Xiao Rong (15-9), mercredi 4 septembre. Visiblement incommodée par la sangle de son fauteuil au point d’exiger un arrêt technique au début de la partie, l’athlète italienne ne semblait pas en état de renverser la situation.
Après le coup final, Bebe Vio, en pleurs, n’a pas réussi à conserver les titres qu’elle avait précédemment remportés à Rio (2016) et Tokyo (2021), sous la verrière de ce chef-d’œuvre d’architecture Beaux-Arts. Toutefois, elle a réussi à trouver un certain réconfort en remportant la bronze lors des repêchages, une distinction qu’elle n’avait plus reçu depuis de nombreuses années.
« Mon coeur est plein de joie pour cette médaille. Je suis extrêmement fière de l’avoir gagnée devant mes proches, mon équipe », confiait l’Italienne après son match. « Ma rivale du jour était simplement plus performante que moi. Vous savez, une victoire passée en or ne garantit pas un succès éternel. De plus, j’ai une autre chance demain [jeudi, en escrime en équipe]. »
Cette défaite en demi-finale a été perçue comme un choc sismique. Bebe Vio, qui jouit d’une renommée mondiale dans l’escrime en fauteuil et inspire une profonde admiration et un profond respect, est une figure emblématique du sport. Elle fait régulièrement la couverture des magazines internationaux tels que Rolling Stones et Vanity Fair, et fréquente les puissants, y compris l’ancien président des États-Unis Barack Obama. En Italie, sa notoriété rivalise avec celle de la reine de la natation, Federica Pellegrini. Elle est aussi la co-fondatrice de l’association Art4Sport qui aide les enfants amputés à pratiquer un sport. Mercredi dernier, jamais le Grand Palais n’avait arboré autant de drapeaux italiens (Il Tricolore) que lors de la participation de cette championne de 27 ans.
Ayant perdu ses quatre membres à l’âge de 11 ans suite à une méningite foudroyante qui l’a également défigurée, et après une année passée entre hôpitaux et séances de rééducation, la jeune femme, privée de bras et de jambes, a réussi à se redéfinir à travers l’escrime. Elle utilise une prothèse spécialement conçue pour lui permettre de manier l’épée. Son style d’attaque agressive, rappelant une guêpe dardant sur ses adversaires, l’a rapidement propulsée au sommet de la discipline, auréolée de diverses médailles internationales, et a conquis le cœur du public.
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