» Tanguy ! Tanguy ! Tanguy ! » Les acclamations du public pour le tireur français Tanguy de La Forest résonnent dans toute la ville de Châteauroux, située dans l’Indre. Les compétitions de tir des Jeux paralympiques se déroulent jusqu’au 5 septembre au Centre national de tir sportif (CNTS). Le nom de Tanguy est sur toutes les lèvres, promettant de marquer l’été.
Dimanche 1er septembre, Tanguy a remporté la médaille d’or dans l’épreuve de tir à la carabine à dix mètres en position couchée, c’est-à-dire, soutenu par ses coudes. Cette victoire survient après qu’il a obtenu l’argent dans l’épreuve debout, utilisant la même arme et à la même distance.
Tanguy, originaire de la Bretagne, s’est distingué après cinq participations aux Jeux paralympiques sans jamais monter sur le podium. Sa victoire a brisé cette infortune lors de sa sixième tentative. Il est le premier Français à atteindre le sommet du podium en tir sportif paralympique depuis douze ans, un record précédemment détenu par Cédric Fèvre-Chevalier qui avait obtenu l’or à Londres en 2012.
Avec une fin de compétition maîtrisée et calme, Tanguy a réussi à plusieurs reprises à atteindre le centre de la cible, obtenant la note maximale de 10,9 points. Ces performances lui ont permis de surpasser le concurrent brésilien Alexandre Augusto Galgani et la candidate surprise japonaise Mika Mizuta. » Même si je tends parfois à faiblir vers la fin, aujourd’hui, rien ne pouvait m’arrêter, j’étais en état de grâce « , a déclaré Tanguy de La Forest, visiblement ravi, suite à la cérémonie de remise des médailles. De plus, Tanguy est également un entrepreneur à succès.
Malgré un début incertain lorsqu’il a presque risqué de ne pas se qualifier en ne terminant qu’à la septième place, le Breton a réussi à se frayer un chemin vers le succès. Il a déclaré que sa qualification s’était jouée d’un cheveu, reconnaissant qu’il avait bénéficié de cette petite pointe de chance qui lui avait souvent échappée auparavant.
A 46 ans, Tanguy de La Forest est atteint d’amyotrophie spinale infantile, une maladie génétique débilitante semblable à la myopathie. Sa condition rend ses muscles si faibles qu’il ne peut ni marcher ni même soulever une bouteille d’eau. Pour se déplacer, il a recours à un fauteuil roulant électrique contrôlé par un joystick. Il utilise un dispositif spécialisé avec un ressort lorsqu’il tire pour soutenir son arme à feu.
Malgré son handicap, il dirige deux entreprises : l’entreprise familiale fondée par son père, qui propose des produits promotionnels aux sociétés, et une agence de recrutement dédiée aux employés handicapés. De plus, depuis 2017, il est le secrétaire général du Comité paralympique et sportif français (CPSF).
Sa passion pour le tir sportif remonte à l’âge de huit ans lorsqu’il a remporté une compétition de tir à la carabine lors d’une fête en Bretagne. En tant que membre de l’équipe de France, l’entrepreneur est un leader modeste, préférant montrer l’exemple plutôt que de parler. Gilles Muller, directeur technique national (DTN) de la Fédération française de tir (FFTir), le décrit comme une source d’inspiration pour le groupe grâce à son calme et son charisme.
Concernant la fédération, ses deux récentes médailles ont permis d’atteindre les objectifs fixés avant les Jeux. Ce succès n’est pas le fruit du hasard. Depuis 2017, la délégation paralympique est gérée par la FFTir et non plus par la fédération handisport. Elle a consacré un budget de deux millions d’euros pour la délégation.
M. Muller souligne que l’augmentation du personnel, l’amélioration de la détection, le suivi médical et l’approche technologique sont autant investis dans un tireur paralympique que dans un tireur valide. Le CNTS, inauguré en 2018, est un centre accessible aux personnes à mobilité réduite et peut accueillir jusqu’à 600 spectateurs, ce qui le rend une ressource précieuse pour la fédération.
Un facteur clé de leur réussite a été l’augmentation de la participation à l’entraînement, aux séminaires et aux compétitions internationales. L’équipe de direction s’est rendu compte que pour gagner des médailles, il fallait rivaliser régulièrement avec les meilleurs, y compris les tireurs sud-coréens.
L’équipe française a commencé à voir des résultats positifs lors de la Coupe du Monde de para-tir tenue à Châteauroux en 2022, puis à Lima en 2023. L’équipe de neuf membres, chacun ayant un profil unique, comprend des vétérans comme Tanguy de La Forest qui partage volontiers son expérience avec les nouvelles recrues. Ce partage d’expérience est crucial dans un sport où la maturité arrive plus tard.
Cinq tireurs français ont participé à leurs premiers Jeux à Châteauroux. Tanguy de La Forest se prépare à retourner au stand de tir de Châteauroux le mercredi 4 septembre pour l’épreuve du tir à la carabine à 50 m couché.