Lucas Mazur est une force avec laquelle il faut compter lorsqu’il se dirige vers le filet avec un regard intense, prêt à confronter ses opposants. Son impressionnant stature de 1,92 m est exceptionnelle dans le paralympisme, surtout quand on observe le joueur de badminton français s’étirer, lancer le volant avec fureur ou le laisser tomber dans le terrain de l’adversaire. Ce gaucher de 26 ans, qui a subi un AVC à l’âge de trois ans entraînant une rigidité de la cheville droite, ne tolère pas l’échec. Le badminton est pour lui bien plus qu’un simple sport de raquette.
Il exprimait son impatience le 26 août, juste avant le début du tournoi paralympique, « J’ai vraiment hâte d’entrer dans l’arène et de lutter ». Un style de discours que l’on retrouve plus souvent dans la boxe que chez ceux qui maîtrisent le volant, mettant en évidence sa détermination. Il avait remporté une médaille d’or à Tokyo en 2021 dans la catégorie SL4 (handicap affectant une jambe). Ce titre fut accompagné, le même jour, d’une médaille d’argent en double mixte avec Faustine Noël.
Charles Noakes, son coéquipier dans l’équipe nationale française, qui participe dans la catégorie SH6 (athlètes de petite taille) à Paris, affirme que « Il est mentalement fort, toujours prêt à l’action. Si tu regardes ses yeux, tu peux voir qu’il a l’intention de « détruire » son adversaire, ce qui créé beaucoup de pression ». Elisa Chanteur, qui est en charge du para badminton de haut niveau à la fédération, confirme « Il effraie ses adversaires ». Elle ajoute que le jeune homme sait utiliser intelligemment sa stature imposante auprès des arbitres.
Dans l’Arena Porte de La Chapelle, Lucas Mazur reste le principal espoir de titre doré pour la délégation française de para badminton, qui compte huit membres (cinq hommes et trois femmes). Le dimanche 1er septembre, il pourrait de nouveau faire face à son adversaire indien, Suhas Lalinakere Yathiraj. Les deux joueurs sont des rivaux bien connus, se partageant les honneurs depuis plusieurs années. Mazur avait d’abord remporté la finale paralympique au Japon, avant que son adversaire indien ne se venge lors de la finale des championnats du monde en Thaïlande en février de cette année – un obstacle majeur qui a provoqué une réévaluation pour le joueur originaire de Saint-Jean-de-Braye (Loiret), qui a finalement décroché la médaille de bronze lors de ces championnats du monde.
Changement de coach et d’endroit d’entraînement
A l’approche des Jeux et seulement quelques mois avant ceux-ci, Lucas Mazur a décidé de modifier son environnement en changeant d’entraîneur et de lieu d’entraînement. Il est revenu à Salbris, dans le Loir-et-Cher, et a intensivement travaillé avec son nouvel entraîneur, Maxime Michel (un ancien membre de l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance), sur l’amélioration de la hauteur de ses lobs et la variation de ses attaques. Ces efforts n’ont pas tardé à donner des résultats : en Espagne et en Écosse, il a remporté les deux derniers tournois auxquels il a participé, enregistrant une victoire sur son rival indien. Un résultat très encourageant à quelques semaines des Jeux.
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