Toulouse, une fois de plus, se définit dans le monde de la natation en tant que capitale des bassins d’eau clorée, et peut-être même sanctifiée. Durant les années 1940 et 1950, c’est là que la natation française s’est mise en lumière grâce à des figures iconiques comme Alex Jany et Jean Boiteux, ainsi qu’Alfred Nakache et Georges Vallerey. Plus récemment, la ville a vu émerger Léon Marchand, quatre fois champion olympique. Sur la scène de la piscine de Paris La Défense Arena, un autre champion natif s’élève: Ugo Didier, qui s’est vu décerner la médaille d’or paralympique le 29 août, pour le 400 m nage libre.
Naviguant entre le Cercle des nageurs de Cugnaux, sa maison depuis l’âge de 9 ans, située au sud-ouest de Toulouse, et les Dauphins du TOEC, le club de Léon Marchand et de leurs illustres prédécesseurs, au bord de la Garonne, Ugo Didier, malgré son jeune âge de 22 ans, fait son nom dans le monde de la natation. Bien qu’ils n’aient jamais fait partie du même groupe de natation, Didier et Marchand ont partagé deux ans avant que Marchand ne parte pour les États-Unis pour s’entraîner avec Bob Bowman. Didier admire Marchand, reconnaissant qu’il est « très fort dans les aspects où je suis faible ».
Le jeune homme, né le 11 septembre 2001, est familier avec la terminologie médicale depuis longtemps. Il est venu au monde sans mollets, des pieds malformés tournés vers l’intérieur, les genoux en hyperextension et des muscles de jambe atrophiés. Ces déficiences affectent les battements de jambe, les torsions et bien sûr les poussées de mur et les glissades, qu’il trouve « monumentales » chez Léon Marchand. « Cela m’inspire à essayer de faire la même chose à chaque session d’entraînement, mais techniquement c’est irréalisable pour moi. Je m’entraine donc selon mes propres capacités », affirme-t-il, ayant commencé à nager à l’âge de sept ans.
Le jeune homme ne peut ni marcher ni se tenir debout longtemps. Il ne peut pas non plus sauter, et moins encore courir; ses jambes semblent tout le temps sur le point de se briser. Malgré tout, il est déterminé à faire du sport. « Il y avait un club de natation près de ma maison, ce qui m’a un peu orienté vers ce sport par défaut », dit-il. Dès le début, il nage parmi les personnes en bonne santé, ce qui est encore le cas aujourd’hui. « J’estime être chanceux d’avoir un handicap léger », explique-t-il, tout en regrettant que ses compagnons de l’équipe de France, ayant des handicaps plus sévères, ne puissent pas faire de même, en raison du manque d’installations adaptées.
Dans l’univers de l’eau, où la souffrance s’estompe, il n’ose pas immédiatement dévoiler son corps déformé, caractérisé par des membres inférieurs semblables à des allumettes. « Au départ, la natation m’a permis de réaliser ma condition handicapée, car dans un maillot de bain, il est impossible de la dissimuler. Nager aux côtés de personnes valides m’a ensuite aidé à accepter mon état. Et en cherchant des alternatives pour nager à leur niveau, j’ai finalement réussi à surmonter mon handicap », explique l’étudiant en ingénierie civile à l’Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse.
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