Les athlètes de para-taekwondo vont donner des coups de pied sous la voûte grandiose du Grand Palais, commençant le jeudi 29 août, aux Jeux de Paris. Trois compétiteurs français, Djelika Diallo (catégorie sous 65 kg), Bopha Kong (sous 58 kg), et Sophie Caverzan (sous 57 kg), vont se mesurer sur les tapis. L’inclusion du taekwondo, un art martial coréen, dans le programme olympique remonte à l’an 2000 à Sydney, Australie. Cependant, il a été ajouté seulement il y a trois ans aux jeux paralympiques, à l’édition de Tokyo en 2021.
Il existe une distingtion significative entre le taekwondo conventionnel et sa version handisport en termes de techniques approuvées. Djelika Diallo, âgée de 19 ans, remarque, « Les coups sont portés avec les pieds seulement sur le plastron (protection de la chest), pas à la tête. » Les poings ne peuvent frapper qu’en bloquant et ne sont pas comptés. Aussi, la notion de K.-O. est éliminée.
Selon Haby Niaré, finaliste aux jeux olympiques dans la catégorie des moins de 67kg en 2016, et l’actuelle entraîneur de Diallo, l’interdiction des coups au visage fait une grande différence : l’ensemble des techniques possibles est donc réduit, exigeant une créativité pour les coups au corps et la découverte d’une stratégie favorable.
M’Bar N’Diaye, âgé de 41 ans, ancien olympien et actuel entraîneur des deux autres athlètes français, est d’accord : « Le para-taekwondo suit des règles très différentes. Il y a moins d’éléments inattendus puisque les coups ne sont portés que sur le corps. » Un autre aspect unique du para-taekwondo est qu’il ne comporte qu’un seul round de cinq minutes, comparativement à deux rounds de deux minutes dans le taekwondo traditionnel.
La classification a aussi évolué de quatre catégories à une seule.
Pour se qualifier pour les Jeux Paralympiques, le para taekwondo a dû repenser sa classification. Désormais il n’y a qu’une seule catégorie, la K44, qui comprend des athlètes ayant une déficience dans un ou les deux membres supérieurs.
Depuis 2010, membre de l’équipe française, Bopha Kong, 43 ans, a ressenti l’impact de ce changement : ayant perdu ses deux bras sous le coude, il peut maintenant faire face à un adversaire avec un bras sain. “ Avant, il y avait quatre catégories [pour les compétitions]. Mais un an avant les Jeux de 2021, les autorités ont décidé de n’avoir plus qu’une seule catégorie. Mon handicap était plus severe et j’ai dû affronter de nouveaux adversaires, qui avaient un bras et donc plus de facilité pour bloquer. Je n’y étais pas habitué « , raconte celui qui a terminé 4e à Tokyo.
« Pour Bopha, le passage à une seule catégorie est un peu plus difficile. Il était le maître de sa catégorie, » confesse M’Bar N’Diaye. « Il est moins dominant maintenant. Il doit compter davantage sur sa vitesse. Nous élaborons de nouvelles stratégies d’évasion ». Cependant, le membre le plus expérimenté de l’équipe française peut aspirer à une place sur le podium à Paris. Tout comme ses autres coéquipiers. Haby Niaré est persuadée que sa pupille Djelika Diallo « a tout ce qu’il faut pour devenir la future championne paralympique ». Quelques semaines après la première médaille d’or olympique du taekwondo français, gagnée par Althéa Laurin, ce serait un excellent bilan sportif.
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