Alexis Hanquinquant a quelque chose en commun avec Annie Ernaux : ils sont tous deux originaires d’Yvetot (Seine-Maritime), une petite ville du Pays de Caux, située entre Le Havre et Rouen. C’est également là qu’Alexis vit encore aujourd’hui. Cet athlète de 38 ans, qui a remporté la médaille d’or aux Jeux de Tokyo en 2021, a été choisi par ses collègues comme porte-drapeau des Jeux paralympiques (du 28 août au 8 septembre), aux côtés de Nantenin Keïta. Il explique au journal Le Monde en détail cette mission, ainsi que son parcours personnel, tout en dénonçant les stéréotypes sur le handicap.
À la question de ce que représente pour lui le rôle de porte-drapeau, il répond qu’il est bien conscient de la grande responsabilité que cela implique. Un porte-drapeau doit être reconnu non seulement pour ses performances, mais également pour les valeurs qu’il représente. Les porte-drapeaux paralympiques ont, en outre, la mission de promouvoir les parasports et d’en augmenter la visibilité. Cela lui a demandé un certain temps de réflexion afin de déterminer s’il était légitime pour cette position. Il ne pense toutefois pas que cela puisse lui demander plus d’énergie que ce qu’il peut lui en apporter.
En ce qui concerne sa profession, il précise qu’il se considère comme un triathlète, et non un para triathlète. Bien sûr, lorsqu’il participe à des compétitions internationales, il pratique le para triathlon. Cependant, il préfère se définir comme un triathlète avant tout, car lorsqu’il se présente au départ d’un triathlon, la seule différence [avec les autres compétiteurs] est qu’il le fait avec une prothèse.
Je désapprouve l’utilisation de l’expression « triathlète handicapé ». De mon point de vue, le terme « handicap » n’est plus approprié dans notre société actuelle. Pourquoi ? Parce que c’est un terme qui a une connotation négative, et en fait, nous avons tous une certaine forme de handicap. Par exemple, un grand nombre de personnes portent des lunettes, qui ne sont en fait que des prothèses optiques. Néanmoins, qualifie-t-on les gens portant des lunettes de handicapés ? Je préfère parler de différences.
Alors, votre objectif est d’œuvrer pour l’inclusion au sens large ?
Effectivement. L’idée de catégoriser les gens est assez courante en France. Je lutte pour que les ressources humaines considèrent plus que simplement un CV et une lettre de motivation. En 2017, mon dernier avant d’être un sportif de haut niveau, je travaillais temporairement pour une entreprise de construction. Je travaillais sur les chantiers le matin et je m’entraînais l’après-midi. Le chef de chantier m’a révélé que c’était la première fois en onze mois qu’il n’y avait pas eu d’arrêt de travail pour mal de dos etc. Voir quelqu’un dans une situation plus compliquée nous fait relativiser notre propre situation.
Reparlons du 5 août 2010, le jour où votre vie a changé, vous aviez 24 ans…
Le reste de cet article est réservé aux abonnés. Il ne reste plus que 63.78% de l’article à lire.