Voici le compte-rendu d’une disparition, ou plutôt de plusieurs. Premièrement, c’est le milliard d’euros annuels que la Ligue 1 pensait avoir sécurisé pour ses droits de diffusion pour la période 2020-2024, qui s’est évaporé suite au défaut de paiement du groupe Mediapro fin 2020, un milliard que la LFP (Ligue de Football Professionnel) a à nouveau visé comme objectif pour 2024-2029.
Avec seulement 500 millions obtenus pour le contrat finalement signé avec la plateforme britannique DAZN, qui diffuse huit matchs par journée, et la chaîne beIN Sports qui s’occupe de la neuvième, la déception est intense et pose à nouveau la question de la véritable valeur du championnat.
De plus, alors que cette somme de demi-milliard semble maigre pour les clubs, le coût de l’abonnement à DAZN, fixé à 29,99 euros par mois avec un engagement annuel, apparaît comme exorbitant pour les téléspectateurs potentiels, ce qui entraîne une recrudescence des solutions illégales comme le streaming ou l’IPTV.
Par conséquent, en ce début de saison – la deuxième journée a eu lieu le week-end du 23 au 25 août -, la Ligue 1 a largement disparu des écrans. Ce qui laisse à ceux qui ne veulent ni recourir à la contrefaçon, ni payer près de 45 euros par mois (en incluant l’abonnement à beIN Sports) à revenir à des méthodes anciennes, mais toujours attrayantes, pour suivre la compétition : les retransmissions radio, les comptes rendus des médias écrits ou… simplement retourner au stade.
La saison 2024-2025 est ainsi vue comme une « saison zéro » pour la Ligue 1.
Toutefois, aucune augmentation de la fréquentation ne pourrait compenser la perte de revenus pour les clubs, qui seraient contraints à une restriction financière intense, s’ils ne bénéficient pas du soutien d’un actionnaire influent. Les inégalités économiques sont donc destinées à s’intensifier, sans que nos « moteurs de croissance » ne parviennent à empêcher la France de prendre du retard par rapport aux quatre principales ligues européennes – Royaume-Uni, Espagne, Allemagne et Italie.
La valeur de la Ligue 1 est probablement supérieure à 500 millions, mais elle souffre d’une série de mauvaises décisions, comme la rupture avec son diffuseur de longue date, Canal+, et sa préférence pour Amazon après le retrait de Mediapro.
Même le plan de relance post-crise du Covid-19 s’est transformé en une erreur stratégique. Le pactole de 1,5 milliard d’euros versé par le fonds CVC Capital Partners en échange d’une participation dans la société commerciale LFP Média, fondée en 2022, a certes aidé les clubs dans l’immédiat. Cependant, en cédant au fil du temps 13% de ses revenus chaque saison au fonds, la Ligue a mis en jeu son futur et a aggravé encore plus les dépenses. D’autant plus que CVC devait utiliser ses compétences pour favoriser… une augmentation des droits de diffusion.
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