Avec un esprit d’ambition comparable à celui d’Eugène de Rastignac dans le roman Père Goriot, l’équipe de football française s’apprête à monter à la capitale, Paris (vendredi 9 août à 18h), après avoir concouru dans une série de tournois à Marseille, Nice, Bordeaux et Lyon. « Nous nous étions vendu sur l’ambition d’arriver à Paris, le centre des Jeux Olympiques », raconte Loïc Badé, défenseur et l’un des trois joueurs qui a plus de 23 ans, comme le permet le règlement. L’équipe olympique française affronte l’Espagne au Parc des Princes pour une médaille d’or. L’image est pittoresque et rappelle un roman d’initiation; un groupe de dix-neuf joueurs se réjouissant de leur première expérience des Jeux Olympiques, avec tout son attrait unique.
Pour les Jeux locaux, la France avait envisagé une équipe de grandes stars pour commencer, y compris Kylian Mbappé, Antoine Griezmann, Raphaël Varane, Hugo Lloris, et autres grands noms. Toutefois, dans les deux dernières semaines, la nation a commencé à découvrir et admirer des joueurs moins connus tels que Jean-Philippe Mateta, Loïc Badé, Guillaume Restes, et Michael Olise, ainsi qu’un entraîneur qui est pleinement déterminé à sa mission: Thierry Henry. « Honnêtement, je vis un rêve, et je ne veux pas me réveiller, » s’exclame-t-il, suite à la victoire en demi-finales contre l’Egypte après prolongation (3-1), le lundi 5 août.
Cependant, son parcours n’a pas été sans embûches. En place depuis août 2023, Thierry Henry a dû faire face à une série de « rejets » de la part des clubs – y compris français, qui n’étaient pas prêts à se séparer de leurs joueurs pour un tournoi qui n’est pas synchronisé avec le calendrier de la Fédération internationale de football. Comme toujours, le football semble vivre une existence parallèle. Au début du tournoi, il semble y avoir un sentiment d’indifférence flottant dans l’air. Même Michel Platini souhaite retirer son sport préféré du programme olympique.
La performance désastreuse du football masculin français aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021 n’est qu’une des nombreuses déceptions qu’a connu l’équipe depuis le tournoi d’Atlanta en 1996, où ils avaient atteint les quarts de finale sous la houlette de Raymond Domenech. Sylvain Ripoll, l’actuel sélectionneur, peine à composer une équipe compétitive, d’autant plus que le football est souvent considéré comme insignifiant dans ces compétitions par la plupart des acteurs de ce sport.
Thierry Henry, l’ex-joueur vedette de l’équipe de France et du club anglais d’Arsenal, est un exception à cette règle. Grand amateur de sport, il a grandi en regardant la finale du 100m de Carl Lewis aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984. Surpris par la situation actuelle, on aurait presque pu l’imaginer vouloir intégrer lui-même l’équipe, s’il était plus jeune. Pour lui, les athlètes emblématiques tels qu’Edwin Moses, légende du 400m haies, ont autant d’importance que des figures majeures du football comme le Néerlandais Marco Van Basten.
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