Malgré ses rêves ambitieux, Mathilde Gros n’a pu atteindre que le stade des huitièmes de finale lors de ses Jeux Olympiques, deux ans après avoir remporté le titre de championne du monde de vitesse individuelle à Saint-Quentin-en-Yvelines en 2022. L’absence de Gros à l’événement final du tournoi du dimanche 11 août a été une grande déception pour son entraîneur de sprint français, Grégory Baugé, qui la considérait comme une contender pour la médaille d’or.
Après avoir vécu une déception profonde à Tokyo en 2021, Gros a été incapable de faire une performance convaincante à Paris et, une heure après avoir été éliminée, elle n’a pas réussi à expliquer sa prestation médiocre. Le fait est que Gros avait perdu toute volonté et toute capacité à sprinter lorsqu’elle se trouvait en concurrence avec son adversaire.
Son échec doit être vu dans le contexte plus large de la performance décevante du sprint en général, qui a également connu des résultats historiquement médiocres chez les hommes. Encore samedi, les deux concurrents français ont été éliminés dès le premier tour de keirin. Cependant, l’échec de Gros retentit plus fort car elle est considérée comme le visage d’un cyclisme sur piste à la recherche d’une nouvelle icône depuis la retraite de Grégory Baugé. Ses succès mémorables et ses déceptions sont donc d’autant plus frappants.
La jeune femme originaire de Provence n’a pas tardé à se faire connaître comme une étoile montante, une force brute capable de remporter des médailles. Beaucoup de choses ont été dites sur cette jeune basketteuse qui, un jour, s’est retrouvée sur un vélo d’appartement dans une salle de sport. Sous les regards avisés d’un coach fédéral, elle a démontré une puissance supérieure à celle des meilleures athlètes de son groupe d’âge. Par la suite, elle s’est installée à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), la transition vers cette nouvelle discipline n’a pas été facile, cependant, elle a rapidement remporté ses premiers titres internationaux en junior, ce qui l’a poussée à persévérer.
À l’âge de 18 ans, elle est déjà vice-championne d’Europe de vitesse, et les responsables du cyclisme français croient qu’ils ont trouvé en elle la nouvelle Félicia Ballanger, triple championne olympique en 1996 et 2000. Toutefois, sa carrière a connu des hauts et des bas, alternant victoires éclatantes, comme aux Mondiaux de 2022, et déceptions régulières. Malgré cela, elle continue d’attirer l’attention de la presse et des sponsors, qui se multiplient à l’approche des Jeux Olympiques – plus d’une dizaine, réunis par son agent, l’ancien athlète Leslie Djhone.
Il est remarqué que Mathilde Gros est extrêmement soutenue dans l’équipe de France. Peut-être trop soutenue, pour certains. Sa cohorte de soutien comprend un entraîneur, une spécialiste en préparation mentale, un naturopathe, un instructeur de yoga, un agent, ses parents très engagés, et récemment ajouté à sa liste, la consultante externe Félicia Ballanger. Ballanger a été approchée par Gros comme un enfant adulerait son héros. À Tokyo, Gros a pleuré dans les bras de la triple championne olympique. Revenant sur cet instant en novembre 2023, elle confiait à L’Equipe : » Tout mon monde s’est effondré à ce moment-là. Pendant cinq mois, je ne voulais même pas entamer une course sur piste. J’avais trop peur de perdre à nouveau. Les championnats du monde à Roubaix sont arrivés seulement deux mois après les jeux de Tokyo. J’étais si angoissée que j’envisageais de me blesser moi-même. Je me disais : « Fais une chute et casse quelque chose. » »
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