« Un simple quiproquo peut ouvrir la voie à des exploits remarquables. C’est le cas de la taekwondiste française Althéa Laurin, qui s’est imposée lors de la finale olympique des plus de 67 kg, le samedi 10 août en soirée, dans l’enceinte du Grand Palais, qui ressemblait à la voûte céleste d’un planétarium avec une myriade de smartphones dont les lumières étaient allumées par le public en hommage à l’émergence de cette nouvelle star.
Initialement, l’athlète svelte et dynamique (1,84 m, 73 kg) avait pour ambition le karaté, jusqu’à ce que sa timidité (ou peut-être le destin) change sa trajectoire. « Ma mère souhaitait que je m’inscrive au karaté pour augmenter ma confiance en moi », avait-elle confié au Monde il y a quelques mois. « Mais quand j’ai voulu m’inscrire à un cours de karaté à Epinay-sur-Seine [Seine-Saint-Denis], j’ai parlé si doucement que l’instructeur n’a pas compris ma requête. Il a simplement compris que je souhaitais pratiquer un art martial et m’a inscrite au taekwondo. J’ai donc débuté cette discipline par des jeux et des étirements, sans même connaître la différence avec le karaté, et ça m’a énormément plu, j’ai décidé de continuer. » La jeune femme, originaire de Saint-Denis, avait alors 7 ans. Aujourd’hui, à 22 ans, elle réalise un rêve plus grand qu’elle-même. »
La Martiniquaise Althéa Laurin, ayant pour prénom une fleur appréciée par ses parents, l’hibiscus d’Antilles, a conforté sa position de premier rang mondial dans sa catégorie en battant l’Ouzbèke Svetlana Osipova, la championne du monde de plus de 73 kg en 2022. Laurin a continué de montrer une évolution impressionnante ces dernières années. Après avoir remporté le championnat du monde à Bakou, en Azerbaïdjan en 2023, et le championnat d’Europe à Belgrade, en Serbie, en mai, la licenciée du club d’Asnières (Hauts-de-Seine) a conquis le titre olympique à Paris.
Son succès a offert à la discipline du taekwondo, qui a longtemps été éclipsée par le judo français et son riche palmarès, la médaille d’or tant espérée depuis sa première apparition aux Jeux olympiques de Sydney en 2000. Laurin a ajouté une autre médaille à la collection que le taekwondo a rassemblée à chaque édition des Jeux depuis cette période, notamment une médaille de bronze obtenue lors des Jeux de Tokyo en 2021. Laurin s’est fixé le défi d’ajouter une médaille d’or au palmarès, comme elle l’a expliqué dans un discours émouvant après la cérémonie, accueilli par un public ému et bruyant. Pascal Gentil, double médaillé de bronze aux Jeux de Sydney et d’Athènes en 2004, a également partagé son émotion : « Cela faisait vingt-quatre ans que nous cherchions ce titre et il est enfin là, chez nous, au Grand Palais ». Le reste de l’article est réservé aux abonnés.