Catégories: Sport
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10 août 2024 6 h 11 min

« JO 2024: Nouveaux sports favorisent pays riches »

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Pierre de Coubertin, le visionnaire olympique, s’est constamment opposé à la fixation sur les médailles, ne voyant que l’orgueil des nations et des sportifs. Le Comité International Olympique (CIO) ne diffuse jusqu’à présent que des données statistiques pour éviter que les pays ou les athlètes revendiquent des triomphes non mérités. Cependant, pourquoi et pour qui existe-t-il un classement des délégations ? Et quel type de classement ? Ne devrions-nous pas nous concentrer uniquement sur les gagnants, comme dans l’ancienne Grèce ? Ou, au contraire, devrions-nous inclure ceux qui ont presque atteint le podium ? Y aurait-il d’autres vérités cachées dans le classement sportif des nations ?

Lors des jeux à Athènes en 1896 et à Paris en 1900, seule l’argent et le bronze étaient accordés au vainqueur et au perdant, respectant la tradition du défi lancé au champion de l’édition précédente par son principal « challenger ». Ces médailles représentaient seulement un record de performance. Pour les athlètes, l’idéal était de défendre leur titre l’année suivante. N’est-ce pas par coïncidence que la médaille d’or a fait son apparition à Saint-Louis en 1904, dans la terre des chercheurs d’or et des hommes d’affaires autonomes ?

La presse américaine proclamait lors des Jeux Olympiques d’Athènes de 1896 que les victoires de ses athlètes étaient une preuve de la suprématie de son système économique, social et politique. En 1908, à Londres, elle invoquait le verdict divin du sport pour distinguer entre l’impérialisme américain et britannique. Suite à l’augmentation des tensions, Mgr Ethelbert Talbot, évêque de Pennsylvanie, prônait que « l’important est de participer ». Pour la première fois, les hymnes et les tenues nationales furent mises en avant. Les stades sont devenus des révélateurs de différents types de patriotisme et de nationalisme.

Avant 1914, les athlètes sélectionnés pouvaient compter sur des fonds publics pour couvrir leurs dépenses et leurs pertes de revenus. Les régimes fasciste et nazi ont ensuite introduit des politiques publiques pour améliorer les performances. Les démocraties ont envisagé d’en faire autant lorsque l’équipe du IIIe Reich a surpassé l’équipe américaine aux Jeux de Berlin en 1936. Ce changement de classement, une première depuis 1912, n’a été répété que vingt ans plus tard à Melbourne où les États-Unis ont été dépassés par l’Union soviétique. Il reste une trentaine de pays qui n’ont toujours pas remporté de médaille.

La compétition numérique était une autre manifestation de la guerre froide sportive. Alors que les médias européens se focalisaient sur les médailles d’or et les Américains sur le nombre total de médailles, les Soviétiques, lors de leur première participation aux Jeux d’Helsinki en 1952, ont suggéré de prendre en compte les six meilleurs compétiteurs de chaque discipline. Cependant, de 1956 à 1992, avec l’exception des Jeux de Tokyo en 1964 et de Mexico en 1968, l’URSS a dominé le podium avec le nombre total de médailles et a donc cessé de promouvoir cette vision de la réussite collective, contrairement à la mentalité américaine qui place le « vainqueur » au premier plan.
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