Gabrielle Thomas, la championne américaine du 200 mètres et diplômée de l’Université de Harvard, aurait pu être une concurrente parfaite pour le célèbre jeu télévisé des années ORTF, « La tête et les jambes », animé par Pierre Bellemare. C’est à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), au Stade de France, ce mardi 6 août, que « Gabbi », qui avait obtenu le meilleur temps lors des demi-finales, a saisi l’opportunité de sa vie pour l’emporter (21 s 83), surpassant facilement Julien Alfred, la championne olympique du 100 mètres (22 s 08). Trois ans après avoir remporté le bronze au 200 mètres et l’argent au relais 4×100 mètres aux Jeux Olympiques de Tokyo, la sprinteuse mince est enfin montée sur la plus haute marche du podium.
A l’âge de 27 ans, cette neurobiologiste diplômée de l’emblématique Université du Massachusetts, et titulaire d’un master en santé publique et épidémiologie de l’Université du Texas, a longtemps perçu l’athlétisme comme une passion. Sa mère, Jennifer Randall, professeure d’éducation à l’Université du Michigan et qui prend les études très au sérieux, a particulièrement influencé cette vision.
Une anecdote intéressante relayée par le New York Times en avril, après avoir remporté ses deux premières médailles olympiques à Tokyo, racontait le dialogue suivant: « Maman, j’ai remporté deux médailles ». Sa mère répondit alors: « C’est formidable, ma chérie, quand démarrent les cours? » Un an après sa deuxième place aux championnats du monde à Budapest, l’étudiante émérite a enfin connu la gloire.
Thomas fait ses premiers pas dans le sport sur les terrains de football, un sport très populaire parmi les jeunes filles en Amérique. Elle commence par jumeler le football, le basketball et l’athlétisme, avant de se concentrer sur le saut en longueur et le triple saut, où sa rapidité fait des miracles.
Alors qu’elle n’a que 19 ans et qu’elle est en première année à Harvard, elle participe à ses premières sélections olympiques en 2016, un processus sans merci qui ne qualifie que les trois athlètes les plus performants, indépendamment de leur réputation. Elle se place sixième sur 200 mètres, une course où se trouve son idole, Allyson Felix, l’athlète féminine la plus titrée de l’histoire, avec onze médailles.
Le mardi suivant à Saint-Denis, l’affrontement habituel du sprint féminin entre les États-Unis et la Jamaïque, la terre natale de Usain Bolt, a été remplacé par un duel surprenant entre les États-Unis et Sainte-Lucie, une petite île des Caraïbes de 180 000 résidents. Ceci est dû à l’absence des Jamaïcaines, qui règnaient sur le sprint à Tokyo mais aucune d’entre elles ne s’est qualifiée pour la finale de la course gagnée par Gabrielle Thomas, une situation sans précédent depuis 1976. Le reste de cet article est réservé aux abonnés.
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