Le mercredi 7 août, Nathanaël Molin se trouvait dans un état de bonheur conscient. En tant qu’entraîneur de l’équipe française de ping-pong, il est pleinement conscient que ses joueurs se préparent à un défi gigantesque, à savoir affronter la Chine le jeudi 8 août pour une place en finale du tournoi olympique par équipes. « En résumé, affronter la Chine est comme jouer contre Rafael Nadal, Roger Federer et Novak Djokovic en même temps », déclare Molin, qui est par ailleurs le guide de Félix et Alexis Lebrun à Montpellier. Ce mercredi, les deux frères et leur compagnon Simon Gauzy ont permis de garder l’espoir d’une victoire improbable suite à leur triomphe facile sur le Brésil (3-0) en quart de finale.
« Nous voulions remporter ce match afin de nous donner deux opportunités de gagner une médaille », déclare Simon Gauzy. « Il est évident qu’un match sera plus difficile que l’autre. » Néanmoins, les joueurs de ping-pong sont impatients de s’attaquer à cette demi-finale avant de se soucier d’une éventuelle petite finale pour la médaille de bronze contre le perdant du duel Japon-Suède. « Nous aimons vraiment jouer ensemble. Ce sera un match impressionnant contre les Chinois », a réagi Alexis Lebrun.
Dans le milieu du tennis de table, les attentes étaient grandes en 2023 lorsque l’athlète de Montpellier a vaincu Fan Zhendong, le futur médaillé d’or olympique, dans la ville de Macao. Ce fut un exploit qui a bousculé l’univers du ping pong, prouvant que les joueurs chinois ne sont pas invulnérables. Au plus récent tournoi olympique à Paris, la victoire en huitièmes de finale du suédois Truls Moregardh contre le numéro un mondial, Wang Chuqin, a révélé de nouveau cette vérité. Simon Gauzy a résumé : en simple, tout peut arriver; en équipe, il faudrait trois exploits, ce qui complexifie les choses et permet rarement à la Chine de perdre. Depuis que le format par équipe a fait son apparition aux Jeux de Pékin en 2008, la Chine reste invaincue.
« La prochaine fois, le tournoi se jouera à domicile. »
Des joueurs et des équipes vont et viennent, mais la Chine conserve son omniprésence. Aux championnats du monde de 2023, les Français se sont inclinés face aux remarquables compétences des Chinois en finale. Malgré une défaite 3-0, Nathanaël Molin a vu des signes d’espoir. « Nous avons joué un bon match globalement, avec la bonne attitude, » dit-il. L’entraîneur de l’équipe française a également salué les talents d’Alexis Lebrun, dont le style de jeu est susceptible de poser des problèmes aux Chinois, grâce à son association de créativité et de force.
Quant à Félix Lebrun, il n’a jamais vaincu un joueur chinois classé dans les trois premiers mondiaux, contrairement à son frère aîné et à Simon Gauzy (qui a battu Xu Xin en 2019). Suite à leur victoire contre le Brésil, Alexis a taquiné son frère devant les médias : « Demain [jeudi], c’est ton tour, Félix ».
L’individu ayant remporté la médaille de bronze voit dans le soutien des spectateurs une raison supplémentaire d’espérer: « Nous les affrontons souvent chez eux ou ailleurs en Asie. Cette fois, c’est sur notre terrain et nous allons tout donner. » Et cela dès les premières heures. « Si nous jouons à 10 heures, c’est principalement pour satisfaire la télévision chinoise à cause du décalage horaire », déclare Nathanaël Molin. Un horaire matutinal, mais après tout, c’est logique lorsqu’on ambitionne conquérir l’Everest par son flanc chinois.
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