Dans le Stade de France à Saint-Denis le lundi 5 août, une salve d’applaudissements a chaudement accueilli Mélina Robert-Michon lors de son entrée pour le lancer de disque. Il semblait y avoir quelque chose de spécial dans l’ovation, quelque chose d’une intensité différente de celle réservée aux autres sportifs. Il y avait un mélange évident de respect et d’encouragement.
À l’âge de 45 ans, Robert-Michon concourait pour la septième fois aux Jeux Olympiques. Après 24 ans de carrière, avec des performances de Sydney à Athènes, de Pékin à Londres, et de Rio à Tokyo, elle mérite une énorme reconnaissance. Le vertige pourrait facilement se manifester en pensant à toutes les rotations qu’elle a effectuées dans la zone de lancer.
Cela dit, la championne ne semble pas encore fatiguée de ce tourbillon sportif. Après la compétition, on attendait un discours émotif, anticipant qu’après son dernier lancer – un jet insatisfaisant de 57,03 mètres qui l’a classée douzième – elle prendrait sa retraite sur le sol parisien, devant ses fans. Son lancer était nettement inférieur à celui de la championne olympique Valarie Allman, qui a gagné le titre pour la deuxième fois avec un lancer de 69,50 mètres. Cet écart souligne l’effet incontournable du temps.
« C’est extrêmement frustrant »
Sa famille et ses amis étaient présents dans les gradins. Ses parents et son frère la voyaient participer aux Jeux en personne pour la première fois. Ses filles, âgées de 14 et 6 ans, étaient également présentes. Il semblait s’agir d’une sorte de fête de départ. On avait prévu de l’émotion, un discours poignant, peut-être même des larmes. Mais ces attentes se sont avérées erronées.
Mélina Robert-Michon ne fait pas partie de ces athlètes qui aiment mettre en avant leur vie privée, leurs émotions. « Je ne considère pas cela comme la fin de ma carrière sportive », a-t-elle rétorqué à ceux qui envisageaient d’écrire son épitaphe sportive. « J’ai encore des choses à accomplir et des objectifs à atteindre. Je n’en ai pas fini, c’est certain. » Les célébrations avec champagne et amuse-gueules sont remises à plus tard.
Il était intéressant de la voir commentant son performance décevante aux médias, comme une novice faisant ses débuts. « J’ai tenté de me couper du bruit ambiant, de l’agitation, et je crois que je me suis trop isolée et n’ai pas réussi à me surpasser. L’émotion peut aussi être un catalyseur pour aller au-delà de vos limites, pour accomplir des exploits. C’est frustrant au possible. » Il semble que ce disque, qui a pourtant laissé des traces sur sa main, reste un adversaire coriace, avec son propre esprit, qui a une fois de plus joué des tours à Mélina Robert-Michon au Stade de France. En tout cas, elle ne compte pas conclure sa carrière sur cet échec.
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