Trois années après son exploit à Tokyo, où elle a remporté une médaille de bronze, Yaroslava Mahuchikh s’est fixée deux objectifs : établir un nouveau record mondial de saut en hauteur et remporter une médaille d’or olympique. En moins d’un mois, elle a réalisé ses deux ambitions.
Le 4 août, au Stade de France à Saint-Denis, elle est devenue championne olympique en franchissant les 2 mètres lors de sa première tentative, malgré les échecs qui ont suivi à 2,02 m et 2,04 m. Elle a surpassé les sauteuses australiennes Nicola Olyslagers (qui a réussi son troisième essai à 2 mètres) et Eleanor Patterson (qui a réussi à 1,95 m), tout en étant à égalité avec une autre sauteuse ukrainienne, Iryna Gerashchenko. Les deux Ukrainiennes ont par la suite effectué une ronde d’honneur, avec le drapeau ukrainien sur leurs épaules, suivies du tandem australien.
Comme la célèbre Joséphine Baker, Mahuchikh pourrait dire « J’ai deux amours, mon pays et Paris », tant la réussite semble être au rendez-vous pour elle dans la capitale française. Le 7 juillet, au stade Charléty, situé dans le 13ème arrondissement de Paris, la sauteuse ukrainienne a surpassé de justesse la Bulgare Stefka Kostadinova en atteignant 2,10 m. Le précédent record de cette dernière (2,09 m) remontait à 1987.
Yaroslava Mahuchikh est la digne successeure de ses compatriotes Nataliya Dobrynska, dernière Ukrainienne à avoir remporté l’or en heptathlon en 2008 à Pékin, et Inessa Kravets, première médaillée d’or en triple saut en 1996 à Atlanta. Le Ukraine a décroché sa dernière médaille en 2016 à Rio, avec un bronze remporté par le sauteur Bohdan Bondarenko.
Nonobstant, elle n’a pas acaparé toutes les distinctions. Le premier couronnement de la délégation ukrainienne a été obtenu le samedi 3 août par les escrimeuses ukrainiennes avec une victoire olympique en équipe. À mi-chemin, les athlètes ukrainiens, ayant payé un terrible prix à la guerre contre la Russie (plus de 480 athlètes et entraineurs ukrainiens assassinés), ont également ramassé deux autres médailles: une d’argent au tir de carabine (Serhiy Kulish) et trois de bronze.
« De nombreux soldats m’ont envoyé des messages ».
Yaroslava Mahuchikh, figure de proue du sport ukrainien qui le représente jusque dans les détails – son maquillage ou la couleur de ses ongles -, se propose comme candidate pour le rôle de porte-étendard de sa délégation lors de la cérémonie de clôture des JO. À l’ouverture, le long de la Seine, cette fonction avait été confiée à la joueuse de tennis Elina Svitolina.
Installée en Allemagne, en Belgique ou au Portugal depuis l’initiation du conflit, la nouvelle championne olympique continue sans relâche son combat médiatique pour la cause nationale. « Je sais qu’en Ukraine beaucoup de personnes me suivent. Après les championnats d’Europe (du 7 au 12 juin à Rome, médaillée d’or), j’ai reçu de nombreux messages de remerciements de la part du public et des soldats », déclarait-elle en début juillet.
Le 10 avril, lors d’un entretien avec Le Monde, elle exposait comment elle perçoit son rôle: « C’est triste, mais je continue à lutter, car je sais que c’est ma mission de performer pour mon pays. Quand je fais de l’athlétisme, j’ai l’impression de revivre ma vie d’avant guerre. »
Depuis les premiers jours de l’offensive russe en février 2022, la spécialiste du saut en hauteur est constamment à jour avec les nouvelles liées à la guerre en cours dans son pays. Indépendamment de sa volonté de se distancer du monde en prévision d’une importante compétition, elle ne réussit pas toujours à le faire. « C’est vrai, je tente d’éviter de consulter les actualités, mais il est dur de respecter cette décision vu que l’on souhaite toujours être informé de la situation actuelle. »
Vainqueur aux championnats du monde en salle et extérieur, double championne d’Europe, détentrice du record mondial et maintenant médaillée olympique, cette jeune athlète de 22 ans, insatiable, devra se fixer de nouveaux objectifs qu’elle atteindra sans aucun doute.
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