Lorsque Kévin Vauquelin a traversé la ligne finale de la compétition olympique le samedi 3 août, il avait l’image pittoresque de la tour Eiffel derrière lui et le sourire joyeux de deux de ses amis comme souvenir pour ses années dorées. « Valentin [Madouas] et Christophe [Laporte] m’ont dit qu’ils se sont classés deuxième et troisième. C’était incroyable, je n’avais aucune idée de la situation actuelle », raconte le Normand qui, bien que épuisé par les montées de Montmartre, se sentait aussi comblé qu’après sa victoire d’étape au Tour de France qui a eu lieu à Bologne (Italie) le 30 juin.
La beauté du cyclisme sans haut-parleur réside dans le plaisir des surprises inattendues. L’équipe de France a eu une agréable surprise avec les médailles d’argent et de bronze remportées par Valentin Madouas et Christophe Laporte ; les premières médailles obtenues depuis 1956 dans la course sur route masculine avec Arnaud Geyre, le précédent vice-champion olympique à Melbourne, en Australie. Avoir deux coureurs sur le podium parmi les quatre partants est un exploit assez impressionnant pour les Français qui semblaient plutôt être des outsiders.
Mais l’équipe française avait un atout dans leur manche : leur directeur sportif, Thomas Voeckler. « Je ne vais pas prétendre, la stratégie de course occupe une grande partie de mon esprit », confiait-il au Monde en 2021. Il se prépare avec des plans codés comme les lettres de l’alphabet. Voeckler, qui au départ avait des moyens modestes, a ensuite construit un palmarès impressionnant grâce à sa ténacité, quelques astuces habiles et sa connaissance approfondie du cyclisme.
Le directeur sportif a conservé le contrôle. Avec son impressionnant historique en tant que dirigeant de l’équipe de cyclisme masculine française, il était déjà très respecté avant ces Jeux. Il a mené Julian Alaphilippe à deux victoires au championnat du monde (en 2020 et 2021), ainsi qu’à deux titres européens en 2023 avec le relais mixte et Christophe Laporte (qui a également été vice-champion du monde en 2022). À l’arrivée, Voeckler, le manager, est aussi spontané et plaisantin face aux médias que pendant sa carrière de coureur. « Bien sûr que tout va bien, quelle genre d’interrogation est-ce de la part d’un novice journaliste? Le meilleur coureur a triomphé [le Belge Remco Evenepoel] et les autres se sont bien battus pour remporter l’argent et le bronze. Nous n’avons aucun regret. »
Dans la course de 273 km, Voeckler avait demandé à son équipe, y compris l’éventuel prétendant à la victoire Julian Alaphilippe, de rester discrets pendant les deux premiers tiers. « Il ne fallait pas faire la course en tête pour ne pas épuiser un de nos coureurs. Même si la tête de la course prenait une avance de quarante-cinq minutes, j’aurais insisté pour ne pas participer, » a révélé Voeckler. La seconde phase de la stratégie consistait à suivre la dynamique de la course lors des trois tours du circuit parisien. « L’objectif était toujours de rester en avance et de corriger les situations défavorables, » a confirmé Vauquelin.
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