Pour la première fois, Léon Marchand désirait que le temps avance à un rythme infiniment lent, prolongeant chaque seconde en minutes interminables qui étaient plus précieuses que l’or. Ce 2 août, ce jeune introverti a enfin eu l’opportunité d’apprécier son oeuvre. Marchand a accueilli l’ovation de la foule avec les bras ouverts et a écouté la Marseillaise avec les yeux fermés, son nom se mélangeant au refrain du chant national. Cette semaine, il a été honoré quatre fois en six jours. A ses côtés, Duncan Scott de Grande Bretagne (médaillé d’argent) et Shun Wang de Chine (bronze) semblaient presque embarrassés de partager le podium du 200m 4 courses avec lui.
« C’était ma finale individuelle finale et je voulais vraiment en profiter », a admis le nageur de 22 ans, qui est naturellement réservé. Marchand a fait part de sa difficulté de décrire son sentiment, mais a indiqué qu’il a voulu exprimer sa joie ouvertement.
Il a donné un tour d’honneur au public de La Défense Arena à Paris qu’ils ne voulaient pas qu’il parte. Deux jours après avoir fait un doublé historique en gagnant le 200m papillon et le 200m brasse, le champion olympique des 400m 4 nages a répété l’exploit sur la distance plus courte.
Marchand est entré au Panthéon de la natation, l’International Hall of Fame, égalant ainsi Mark Spitz qui a remporté quatre victoires consécutives en 1972, Kristin Otto – symbole de la génération des « Wundermädchen » d’Allemagne de l’Est (quatre en 1988) et le seul Michael Phelps en 2004, qui a réussi à gagner cinq fois d’affilée en 2008.
Dans le royaume du roi Léon, au cours de l’année I, le Marchand des songes n’a aucunement l’intention de se réveiller de sitôt. « Je n’aurais jamais cru que cela soit faisable. Quatre opportunités de remporter une médaille olympique se sont présentées à moi, l’une d’elles étant mon rêve. Je m’engage quotidiennement dans cette quête, mais accomplir cela à quatre reprises, devant 15 000 personnes clamant mon nom, avec une pression immense sur mes épaules, c’est colossal. »
Le champion olympique de la compétition de 400 mètres 4 styles a cette fois concouru sur une distance deux fois plus courte, mais pas forcément deux fois plus facile, du moins sur le papier. Parmi les huit finalistes, Shun Wang de Chine était jusqu’à présent le plus rapide sur le parcours aller-retour doublé. Encore une fois, le Français a donné une véritable masterclass, touchant la paroi à seulement six minuscules centièmes (1 min 54 s 06) du record du monde.
Typiquement, dans le monde sans pitié de la natation, les sprinters dominent. Ces « monarques des piscines » s’attribuent de manière médiatique la part du lion, au détriment d’autres individus tout aussi méritoires mais plus enclins, en France, à faire des vagues dans leur coin.
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