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4 août 2024 11 h 09 min

« Imane Chehaibou, Infirmière Confrontée aux Barrages 2024 »

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« Cette fois ça passe », murmure l’infirmière, esquissant un large sourire à l’officier de police. Imane Chehaibou, en conduisant sa Smart noire, retient son souffle chaque fois qu’elle s’approche d’un poste de contrôle policier. Agée de 25 ans, elle travaille à domicile dans des zones proches des complexes olympiques de Saint-Denis et Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), et sa routine professionnelle s’est compliquée avec les Jeux Olympiques et les protocoles de sécurité liés. Depuis la cérémonie d’ouverture le 26 juillet, se déplacer dans ses lieux d’intervention – des communes proches dans le 93 – est devenu un défi.

Ce mercredi matin, le 31 juillet, elle a débuté son round de patients très tôt, à Stains, assistant une vieille dame après l’installation d’une sonde gastrique. La journée semblait calme, les rues étant encore désertes. Un caducée indiquant son métier, figure sur le pare-brise de sa petite voiture, ainsi qu’un dossier où sont rangés sa carte professionnelle et le QR code délivré par la préfecture de police : des passe-droits essentiels mais pas toujours suffisants pour franchir les contrôles de police présents à tous les carrefours dans ce petit périmètre. Elle se trouve à proximité du Stade de France, du centre de natation et du village olympique, tous inclus dans la zone de protection (zone SILT).

Le prochain rendez-vous d’Imane Chehaibou se déroule à Saint-Denis pour un bébé de dix mois qui a besoin de retirer son cathéter central, installé suite à une opération intestinale majeure. Le voyage s’est déroulé sans incident, ce qui permet à la professionnelle de soins de se concentrer sur son travail. Elle doit mettre des vêtements propres, attacher le petit sur la table à langer et aider la mère à changer le bandage. Avec son voile marron maintenu par une épingle et un masque chirurgical, les yeux reconnaissables d’Imane font sourire le bébé. Ses mouvements sont confiants. Elle a deux ans et demi d’experience dans un cabinet spécialisé dans les soins postopératoires.

Le prochain patient de la jeune femme se trouve au cœur du périmètre sécurisé de Carrefour Pleyel. Pour y accéder, elle a dû passer par cinq contrôles pendant environ dix minutes. Selon Imane Chehaibou, cela dépend de l’agent de police sur place. Certains la laissent passer sans contrôle tandis que d’autres demandent une preuve du rendez-vous médical. Elle trouve cela excessif et peut seulement leur montrer son GPS pour prouver que destination se trouve bien dans une zone rouge.

La professionnelle de la santé raconte qu’elle a dû faire un détour de quarante minutes le mardi 30 juillet après qu’un officiel a refusé de la laisser circuler dans la zone. Elle raconte avoir expliqué qu’un bébé de quelques mois l’attendait pour être nourri, mais on lui a simplement répondu: « Ce sont les ordres ».

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