Bien que les échecs n’aient jamais été reconnus comme un sport olympique, ils sont presque arrivés à ce stade. En effet, il y a cent ans, en juillet 1924, les joueurs d’échecs, ne réussissant pas à intégrer les Jeux Olympiques qui avaient lieu à Paris à l’époque, ont créé leur propre « Olympiade d’échecs » non officielle. En accord avec l’esprit des Jeux de cette période, seuls les amateurs pouvaient participer. Le lauréat de cette édition était le Letton Hermann Mattison, qui a été présenté par certains médias comme le champion olympique. Le 20 juillet, dernier jour du tournoi, la Fédération internationale des échecs (FIDE en français, acronyme utilisé mondialement) a été fondée en France. Cette initiative était une juste récompense car la France a commencé à s’intéresser à ce jeu sur 64 cases un millénaire auparavant.
Cependant, le jeu d’échecs n’a pas émergé dans cette partie du monde. Il est né en Asie, plus précisément en Inde, avant de traverser la Perse. C’est de là que vient l’expression « échec et mat », une transcription du persan shah mat qui signifie « le roi est mort ». Les conquêtes arabes ont ensuite permis la propagation de ce jeu vers l’ouest. Jean-François Goret, responsable d’opération au pôle archéologique de la Ville de Paris, affirme que l’archéologie aide à « comprendre comment ce jeu s’est répandu, depuis son berceau, à travers tout l’Occident chrétien « .
Les fragments de jeu d’échecs, trouvés lors d’excavations et faits à partir de divers matériaux tels que l’ivoire d’éléphant ou de morse, le bois de cerf, l’os, le bois, ou même le cristal de roche, nous offrent un historique du parcours de ce jeu. Comme les petits cailloux laissés par Le Petit Poucet, ces éléments nous mènent sur le chemin que le jeu d’échec a suivi. D’après Jean-François Goret, le jeu d’échecs est arrivé en France par deux routes distinctes: l’une par les relations entre le royaume de France et les principautés islamiques d’Espagne, et l’autre à travers l’Est, en commençant par Byzance, ensuite passant par l’Italie et l’Empire germanique.
D’après des éléments archéologiques, le jeu d’échecs était déjà répandu dans la région actuelle de la France avant l’année 1000. Ceci est en grande partie dû à la datation au carbone 14 d’une pièce d’échecs trouvée dans la motte castrale de Loisy (Saône-et-Loire), dans la plaine de la Bresse, lors d’une fouille datant de 1966 à 1975. Jean-François Goret mentionne qu’un prélèvement a été effectué sur une pièce en bois de cerf endommagée qui ne pouvait pas être exposée. Cette pièce a probablement été créée durant la seconde moitié du Xe siècle. De plus, les pièces retrouvées datant du début du XIe siècle semblent avoir été utilisées abondamment, ce qui suggère qu’elles pourraient dater du siècle précédent.
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