C’est absurde. Trois personnes habillées comme le groupe Daft Punk escaladent à rebours les relief d’un parcours de BMX, chacun oppé sur une petite montée, à la manière de Bédouins régissant leur désert. Un est à genoux, un autre assis, le troisième debout. Depuis deux jours, ils ont montré que le reste du monde du BMX ne sont que des enfants sur des tricycles sur la piste de Saint-Quentin-en-Yvelines, à l’ouest de Versailles. Ils ont dominé douze courses, l’un après l’autre, toujours invaincus, sauf une fois. Et aux Jeux Olympiques (JO) lors de la finale le vendredi 2 août ? Un triplé sur le podium, comme ils l’avaient prévu.
Ils se baladent sans direction face à la foule, se délestant du superflu. Sylvain André jette son vélo comme un objet désuet, Romain Mahieu se débarrasse de son casque, Joris Daudet se sépare de ses gants, le DJ met la chanson Freed from Desire pour célébrer cette soirée prestigieuse. L’analyseur visuel de l’équipe française, avec un coq comme chapeau, laisse éclater des confettis. Aurélien Jeanjean, le champion de BMX freestyle de la veille, demande un selfie à Emmanuel Macron, qui lui aussi, le vendredi soir, s’est lancé dans une quête effrénée de médailles entre le Champ-de-Mars, la Défense et Saint-Quentin-en-Yvelines.
Sylvain André, le plaisantin à moustaches du Vaucluse, est submergé par les larmes comme un jeune enfant, appuyé sur une barrière. Romain Mahieu n’a pas eu le temps de réaliser ce qui se passait lorsque sa compagne, l’Australienne Saya Sakakibara, est apparue au bout de la ligne droite : championne Olympique. Et la joie redémarre, en version mixte, avec seulement un regret que l’événement se déroule devant moins de 3000 personnes, alors qu’il aurait mérité d’en avoir dix fois plus.
Selon l’information du texte original, on avait l’espoir que sous la pression, ils fléchissent. Cela peut sembler absurde, mais c’est la logique en ce moment. On ne sait pas si l’attente des parieurs de l’époque reposait sur le dernier triplé français aux Jeux Olympiques d’été de 1924 à Paris, en saut latéral en gymnastique. Cependant, si trois athlètes français devaient dépasser Albert Séguin, Jean Gounot et François Gangloff, cela devait obligatoirement être trois coureurs de BMX. Cédric Butti, qui s’est classé quatrième, admis : « On espérait juste qu’ils fléchissent sous la pression, sinon, il serait difficile de les battre ». Il a ensuite ajouté qu’il ne souhaitait pas gâcher la fête de ses voisins en disant : « Et de surcroit, ce sont de bonnes personnes ».
Dautet, la légende girondine de la discipline, qui a été champion du monde à 20 ans en 2011 et a dominé le circuit américain, a effacé trois échecs olympiques en seulement trente secondes de course. Il est fort impressionnant : bien qu’il ressemble à n’importe qui d’entre nous, avec un physique plus musclé, il s’avère être le meilleur du monde dans un jeu simple où il faut pousser le plus fort possible sur sa pédale droite dès que les portes s’ouvrent, puis générer 2 500 watts à chaque révolution de pédale.
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