La vieille salle de tennis a l’air d’un ancien hangar aéronautique. Toutefois, elle ne sert pas à stocker des avions délabrés mais à héberger une piste de course, une fosse de saut et une batterie impressionnante de perches. Thibaut Collet a élu domicile dans cet endroit obsolète situé à Montbonnot-Saint-Martin dans l’Isère, ce qui lui a offert un refuge contre le vent, l’adversaire des perchistes. Malgré les souffles d’air en début avril, il a pu profiter du soleil printanier. L’athlète vient d’y réaliser une session rigoureuse avec une trentaine de sauts d’un niveau supérieur, tel que décrit par son père et coach Philippe Collet, ancien détenteur du record français de cette discipline.
Le 3 août, ce Français de 25 ans tentera de se qualifier pour la finale du tournoi olympique de saut à la perche. C’est à Paris que Thibaut Collet participera à ses premières Olympiades, mais il sait son statut a évolué depuis qu’il a franchi la barre des 5,90 mètres aux Championnats du monde de Budapest en 2023, terminant à la 5e place. Son ascension s’est poursuivie cet hiver avec un saut à 5,92 mètres lors du meeting All-Star Perche organisé par Renaud Lavillenie, 37 ans, à Clermont-Ferrand, le 22 février.
Ce jour-là, l’émotion de l’Isérois avait submergé son compatriote avant qu’il ne manque de peu la barre des 6,02 mètres. « Il était crucial de prouver que je suis à la hauteur. Je peux franchir des marques qui peuvent me donner une chance de remporter une médaille lors des grands championnats « , souligne-t-il. À son père, il déclare avec assurance : « Papa, désormais, c’est moi qui commande ».
Avec une tranquillité et une détermination inébranlables, ce jeune gaillard doit faire face à un double héritage. D’un côté, celui de son père, et de l’autre, celui de Renaud Lavillenie, qu’il semble être le successeur naturel en France. Il partage également des séances d’entraînement avec lui sous la direction de l’ancien perchiste Philippe d’Encausse, à Clermont-Ferrand, lorsque Thibaut n’est pas dans sa région d’origine, l’Isère.
Thibaut Collet s’est imposé comme une figure incontournable de la perche, surtout depuis qu’il a dépassé la barre des 5,95 mètres le 19 juin, à Grenoble, seulement six semaines avant les Jeux Olympiques et à peine quelques jours après sa cinquième place aux Championnats d’Europe à Rome. Avant ce saut, comme il aimait à le rappeler avec humour, il ne détenait pas encore « le record des toilettes ».
Cela signifie que le saut record de 5,94 mètres de son père en date du 10 mars 1990 était la référence familiale. A Grenoble, suite à son exploit, Thibaut a taquiné Philippe en disant: « Papa, c’est moi qui commande maintenant! » Une libération d’une répétition constante que tout le monde ne manquait pas de lui rappeler. « Je le vis comme un jeu, quelque chose de cool et de marrant, » commentait Thibaut. « On se taquine, c’est mon père après tout. Je lui dis : « Le jour où je te surpasserai, je ne te parlerai plus! »
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