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« JO 2024: Carini respecte la décision du CIO »

Un match de boxe de moins d’une minute a déclenché une haine à l’échelle mondiale. Angela Carini, une boxeuse, a capitulé au début de son huitième de finale dans la division -66 kg aux Jeux Olympiques, jeudi 1er août, après avoir été frappée par son adversaire, Imane Khelif, originaire d’Algérie. Elle a prétendu que ce coup lui avait « causé une douleur intense ». En quittant le ring, l’Italienne a murmuré « ce n’est pas équitable », ce qui a suscité une controverse : les sportives étaient-elles en compétition à armes égales ?

Cette question a été soulevée par la droite la plus conservatrice, qui argumente que Imane Khelif avait été disqualifiée des Championnats du monde 2023 à New Delhi suite à un « test d’éligibilité […] différent [d’un test de testostérone] » pour concourir dans la catégorie des femmes, selon la Fédération internationale de boxe (IBA), un organisme privé. Une décision qui a été prise « sans aucune procédure adéquate », d’après le Comité international olympique (CIO). Un an auparavant, le CIO avait décidé de retirer sa reconnaissance à l’IBA, ternie par des scandales d’arbitrage, des dettes colossales, et l’ancienne présidence de l’Ouzbek Gafur Rakhimov, identifié par les autorités américaines comme un « dealer d’héroïne ».

Les attaques contre Imane Khelif, amplifiées sur les réseaux sociaux, ont été propagées par la première ministre italienne d’extrême droite Georgia Meloni, l’ex-président américain et candidat Donald Trump, et même l’écrivaine J. K. Rowling, reconnue pour ses remarques transphobiques. Cependant, la boxeuse n’est pas une femme trans.

Le Comité International Olympique a affirmé et confirmé qu’Imane Khelif est née femme, identifiée en tant que femme, vit en tant que femme et boxe en tant que femme, et est donc éligible pour concourir dans le groupe féminin. La boxeuse italienne a exprimé, dans une interview donnée à Gazetta dello Sport, qu’elle n’a aucune animosité envers Khelif et qu’elle l’accueillera chaleureusement lors de leur prochaine rencontre.

Après que leur combat ait déclenché une vague d’hostilité et de cyberharcèlement à l’encontre de Khelif, la boxeuse italienne y revient et parle de l’intensité de la compétition. Elle a partagé qu’après avoir reçu le premier coup de Khelif, une douleur intense s’était immédiatement installée, suivi d’un autre coup qui l’avait sérieusement secouée. C’était un niveau de puissance auquel elle n’avait jamais été confrontée auparavant.

Quant à sa décision d’abandonner le match, elle la considère comme un signe de maturité plutôt que de faiblesse. Elle affirme que ce n’était pas un comportement prémédité, mais un choix instinctif. La question de son manque de civilité envers la boxeuse algérienne a également été évoquée, pour lequel elle s’est excusée, qualifiant son comportement d’involontaire.

Carini a précisé que ses remarques « ce n’est pas juste » ne visaient pas à suggérer que Khelif n’aurait pas dû être autorisée à combattre, mais plutôt à exprimer sa déception face à la fin prématurée de son aventure olympique. Elle a souligné comment elle s’était préparée intensément pendant trois ans et combien elle souhaitait aller au bout de son rêve.

Cependant, elle admet avoir eu des doutes quand elle a appris qu’elle affronterait Imane Khelif. « On tente de comprendre son adversaire, et dans ce contexte, la situation était un peu insolite. Cependant, je ne suis pas en position de juger : si le CIO lui a permis de combattre, j’accepte ce choix. »
Pour sa part, le CIO a réitéré que tous les athlètes respectent les conditions d’admissibilité à la compétition et a confirmé que toutes les boxeuses présentes aux Jeux olympiques sont bien des femmes, sans toutefois dévoiler de noms. Selon lui, de nombreuses femmes peuvent avoir des niveaux de testostérone similaires à ceux des hommes, tout en étant des femmes. Des propos qu’il a tenus un jeudi. Ensuite, en soirée, le CIO a déclaré dans un communiqué que « comme pour les précédents Jeux olympiques de boxe, le sexe et l’âge des athlètes sont basés sur leur passeport », condamnant les « attaques » envers les deux boxeuses et la « décision unilatérale » prise par l’IBA en 2023.

Il y a quelques années, la controverse a éclaté autour de l’athlète sud-africaine Caster Semenya. Cette sportive de 33 ans, maintes fois lauréate de titres mondiaux et olympiques, a été exclue des compétitions par la Fédération internationale d’athlétisme à cause d’un niveau de testostérone supérieur à la moyenne féminine. Pour que les athlètes qualifiées d’hyperandrogènes par la World Athletics, l’entité internationale d’athlétisme, puissent concourir dans la catégorie féminine, elles doivent diminuer ce taux par un traitement hormonal. Semenya s’y est opposée, soulignant que c’est un « traitement néfaste, inutile et soi-disant correctif ». La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a jugé que la sportive avait subi une discrimination et une atteinte à sa vie privée. Cependant, les institutions suisses, soutenues par la World Athletics, ont fait appel à la Grande Chambre de la CEDH.

Denis Quinqueton, co-directeur de l’Observatoire LGBTQ+ de la Fondation Jean Jaurès, qualifie cette situation de « faux débat », alimenté par des groupes conservateurs cherchant à provoquer des querelles sur des sujets de genre et d’identité de genre, dans l’espoir que chacun puisse « rester à sa place ».

Dans une déclaration récente à l’Agence France-Presse, Loé Petit du Collectif intersexe activiste (CIA), soulignait l’injustice du jugement porté sur les femmes performantes en sport, fréquemment soupçonnées d’être des hommes. Elle rappelait que l’assomption qu’une femme puissante ne peut être réellement féminine est une manifestation de misogynie. Le CIA critique aussi le fait qu’il n’existe aucune restriction similaire visant à vérifier le niveau de testostérone ou d’autres aspects de l’identité masculine chez les athlètes hommes, alors qu’ils peuvent aussi avoir des avantages physiques et sont souvent célébrés comme des « surhommes ».

Le collectif fustige l’acharnement injuste et arbitraire subi par les athlètes intersexes (et transgenres) en raison de leurs niveaux d’androgènes. Malgré l’étude utilisée par Worlds Athletics pour valider cette discrimination, basée sur l’hypothèse que cette hormone confère un avantage injuste, les auteurs de cette recherche ont eux-mêmes démenti leurs conclusions. De plus, l’étude a été critiquée pour son manque d’intégrité scientifique et l’utilisation de données faussées.

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