Le sport est soumis à des pressions, semblables au cholestérol, comme l’a brillamment exprimé un collègue il y a de cela quelques années : on y retrouve la bonne et la mauvaise. Motivation et inhibition peuvent découler de ces pressions, comme on peut l’observer chez Camille Jedrzejewski et certains de ses coéquipiers de l’équipe française de tir, respectivement.
Dans une discipline sportive où l’isolation est primordiale, popularisée par le baron Pierre de Coubertin (multi-champion national de tir au pistolet), il faut être capable de bloquer les distracteurs ou de les utiliser à son avantage. Parmi ceux-ci figure la « pression » de participer aux Jeux olympiques locaux, qui se déroulent en l’occurrence à Châteauroux pour les épreuves de tir olympique.
Camille Jedrzejewski, jeune femme de 22 ans originaire de Picardie, s’est présentée avec un grand sourire au Centre national de tir sportif (CNTS) pour la finale. Elle en est repartie avec une médaille d’argent autour du cou une lueur de joie dans ses yeux, samedi 2 août. Sa performance aurait pu lui valoir l’or si elle n’avait pas raté une série de tirs sur onze, ce qui a permis à la Coréenne Yang Jiin de remporter le titre dans l’épreuve du pistolet 25 m. Malgré tout, elle a apprécié cette deuxième place, qui représentait le premier podium pour l’équipe de France aux Jeux, jusque-là paralysée par la pression de l’événement.
Elle affirme apprécier le défi et se trouve inspirée par l’atmosphère unique sur le site de Châteauroux. Au lieu du silence habituel pendant les tirs, les spectateurs s’encouragent et crient leur approbation pour chaque coup. C’est différent des normes habituelles où l’appréciation est montrée seulement à la fin de chaque série, similaire à un concert de musique classique. Alors que ce n’est pas le concert hall Pleyel, le CNTS de Châteauroux est cependant équipé d’un système de visualisation en retard. L’image de la cible apparaît sur l’écran une ou deux secondes après avoir été touchée ou non. Ainsi, les acclamations pour le tir précédent débutent lorsque la tireuse s’apprête à tirer à nouveau – une action qu’elle a sept secondes pour accomplir.
« Le but est de m’éveiller »
Camille Jedrzejewski n’a pas été perturbée par ces décalages visuels et sonores, ni par l’intervention d’un arbitre qui a dû ajuster une barrière de protection en plexiglas mal placée entre sa troisième et quatrième série. Les cartouches vides provenant de Zhao Nan, sa collègue et concurrente chinoise, se lançaient vers elle, menaçant de briser sa concentration. Il aurait probablement fallu plus pour la secouer. Après tout, son entraîneur Walter Lapeyre, au Centre de ressources et d’expertise de performance sportive de Bordeaux qu’elle fréquente régulièrement, ne cesse de perturber son attention pendant les entraînements.
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