En démontrant sa capacité de prémonition, on pourrait dire qu’elle avait anticipé que l’enthousiasme, connu sous le nom de « bilesmania », allait envahir Paris pour les Jeux Olympiques de 2024. L’effervescence autour de la première performance de Simone Biles en finale à l’Arena Bercy de Paris le 30 juillet avait été modérée. La nécessité pour la gymnaste la plus récompensée dans l’histoire de se mélanger à l’équipe américaine pendant le concours général par équipes avait contraint ses admirateurs à un choix de vêtements plus conservateur, optant pour des tee-shirts anonymes «USA» plutôt que pour un article à l’image de la célébrité de 27 ans.
Cependant, cette reticence a disparu lors du concours général individuel qui a eu lieu le jeudi 1er août. Face à Zinédine Zidane et Tony Parker, Simone Biles a triomphé, remportant déjà sa deuxième médaille d’or aux jeux, seulement quarante-huit heures après celle obtenue avec l’équipe américaine. Actuellement, le parcours de la championne echoie celui des Jeux de Rio 2016 qui lui avait permis de retourner à Spring (Texas) avec quatre médailles dorées. C’est déjà suffisant pour effacer définitivement le fiasco des Jeux de Tokyo 2021, où elle a du se retirer de l’épreuve par équipes à cause d’un désorientation spatiale et n’a pu participer qu’à la finale de la poutre, gagnant seulement une médaille de bronze comme maigre consolation.
Jeudi soir, Simone Biles a marqué 59,131 points pour reconquérir sa première place des mains de son compatriote Sunisa Lee (56,465 points) qui avait bénéficié de son absence pour prendre la première place au Japon. La plus jeune, originaire de la communauté hmong d’Amérique, a dû se contenter cette fois de la troisième place, ce qui lui a tout de même procuré beaucoup de plaisir. « Je ne m’attendais même pas à figurer sur le podium », a déclaré en conférence de presse Sunisa Lee, qui a fait un retour impressionnant après n’avoir repris l’entraînement qu’à l’été 2023, suite à la révélation de sa santé précaire due à deux maladies rénales. Ainsi, après la remise des médailles par le président du Comité international olympique, l’Allemand Thomas Bach, elle a capturé ce moment inoubliable avec une photo selfie des trois lauréates.
On voit Rebeca Andrade (57,932 points) souriant sur la photo, dont la performance méritait bien plus que la médaille d’argent, sa deuxième dans cette discipline après celle de Tokyo. C’est grâce à la Brésilienne que le suspense de cette finale a perduré jusqu’à la fin. Considérée comme la rivale la plus menaçante de Biles, elle a validé sa réputation en perdant de justesse avec une marge minuscule de 1,199 point.
Une bataille acharnée
Dans un monde dépourvu de Simone Biles – mais quel monde triste ce serait! – Rebeca Andrade aurait été deux fois championne olympique, après son titre au saut de cheval en 2021. Dès la première rotation avec cet appareil, les deux athlètes se sont engagées dans une bataille impitoyable. La Brésilienne a réalisé un Cheng impeccable (pour un score de 15,100 points), auquel Biles a répondu immédiatement avec un Yurchenko double pike (15,766 points).