Cindy Ngamba, 25 ans, affirme que sa vie semble se miroir dans celle de Rocky Balboa, bien que sa couleur de peau, son genre, et son orientation sexuelle ne correspondent pas à celle du héros célèbre interprété par Sylvester Stallone. Contrairement à ce héros de cinéma, Cindy a dû faire face à des défis différents, y compris un exil forcé de son pays natal, le Cameroun, en raison de son orientation sexuelle. Tout comme le célèbre boxeur, elle a défendu son destin grâce à une combinaison tenace de crochets, de coups de poing et d’uppercuts.
Cindy Ngamba détient le titre d’être le premier athlète de l’équipe des réfugiés à se qualifier directement pour les Jeux olympiques, sans l’intervention d’une invitation du Comité international olympique (CIO) – une première depuis la création de l’équipe des réfugiés en 2015. Le 31 juillet, elle entrera sur le ring pour concourir dans la catégorie des moins de 75 kilos. Elle souligne avec fierté qu’elle n’a rien obtenu sans effort : « Personne ne m’a donné quoi que ce soit, j’ai mérité d’y être », insiste-t-elle.
Cindy n’a pas toujours été cette figure de résistance, progressant imperturbablement face à ses adversaires jusqu’à atteindre son point de rupture. « Avant de commencer la boxe, je pesais 110 kilos « , dévoile-t-elle dans un mélange hésitant d’anglais et de français. « Au collège, j’étais la grosse fille dont tout le monde se moquait. À tel point que je ne voulais plus sortir de chez moi. J’ai commencé le sport pour perdre du poids. »
Cindy Ngamba, originaire de Douala, Cameroun, réside à Bolton, au nord de Manchester, au Royaume-Uni depuis quinze ans, sans toutefois posséder de documents britanniques. Née en 1998, elle ne se rappelle que des moments joyeux de son enfance camerounaise. Elle décrit qu’elle était un tomboy, toujours à la suite de son frère Kennet, qui est un an plus âgé qu’elle. Souvent dehors, ils jouaient avec tout ce qui tombait sous la main : élastiques, déchets métalliques, cailloux. Ils faisaient du vélo, grimpaient aux arbres, nageaient, attrapaient et cuisinaient des poissons pour les manger dans la rue.
Toutefois, en 2009, les choses ont radicalement changé. Sa mère, Gisette, rencontrant des difficultés financières, envoya la jeune fille de 11 ans vivre à Bolton avec son frère, où leur père, Jerome, s’était établi quelques années auparavant. Pour Cindy, l’expérience du déracinement fut dévastatrice. Elle raconte avoir perdu son identité, avoir été déconcertée par le froid, regretter sa mère de manière insupportable – qu’elle ne reverra pas pendant neuf ans – et lutter pour apprendre la langue. Elle fut même aux prises avec des pensées sombres, la boulimie et le harcèlement à l’école. Le reste de l’article nécessite un abonnement pour être lu.