Léon Marchand, malgré son propre enthousiasme, avait dû attendre un an pour enfin se lancer dans son « marathon » aquatique résultant en quatre courses en à peine dix heures. Le mardi 30 juillet, deux jours suivant sa victoire olympique dans l’épreuve du 400 m quatre nages, ce Toulousain avait déjà atteint un tiers de ses douze objectifs de la semaine avec onze courses individuelles et un relais, en se qualifiant pour les finales du 200 m papillon et du 200 m brasse qui étaient programmées pour le mercredi soir.
Lors des Championnats du monde à Fukuoka en 2023, Marchand avait souhaité participer à ces deux compétitions. Cependant, Bob Bowman, qui n’est pas connu pour faire des concessions, l’en avait dissuadé. Avec quarante ans d’expérience comme entraineur, Bowman a pu mesurer la gravité du défi, le considérant « probablement plus grand que n’importe quel autre défi auquel Michael a eu à faire face ». Il avait toujours interdit à Phelps de participer à deux courses individuelles en une journée, même durant les Jeux de Pékin de 2008 où Phelps avait remporté huit médailles d’or.
Marchand, cependant, insista et réussit à convaincre Bowman de le laisser tenter les deux compétitions. « Je n’ai jamais réussi à choisir entre le papillon et la brasse et je n’ai jamais vraiment eu l’opportunité de m’exprimer dans les deux épreuves en même temps », expliquait le jeune nageur de 22 ans lors d’un stage de préparation avec l’équipe nationale à Vichy (Allier) avant de rejoindre le village olympique. « C’est un défi de taille pour moi, mais je crois que j’en suis capable. Cela pourrait me transcender. »
Bien qu’il ne soit pas inhabituel de voir des nageurs combiner des styles comme le papillon et le crawl, ou le dos et le crawl, voire le papillon et le dos, la combinaison papillon-brasse est presque inédite. Pourrait-on dire que c’est une première ? « Ça l’a peut-être été, mais pas à ce degré. La brasse est une nage unique, avec les jambes servant de moteur principal contrairement aux trois autres styles où ce sont les bras qui dominent », explique Denis Auguin, l’ancien coach d’Alain Bernard.
Lors de cette saison, Léon Marchand s’est entrainé de manière équivalente sur les deux styles. Le papillon est sa nage la plus instinctive. Quant à la brasse, c’est là qu’il se démarque de ses concurrents en quatre nages. « Il réussit assez bien l’alternance des deux parce qu’il a du talent pour les deux », résume Nicolas Castel, son instructeur de Toulouse. « C’est un duo assez étrange, mais j’adore tout ce qui est étrange », avoue son élève.
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