« Ne me bousculez pas, je suis submergé de tristesse. L’air détendu que Kevin Mayer avait lors de son arrivée à la conférence de presse le mardi 30 juillet, s’est rapidement envolé. Sa tentative de contrôler ses émotions, de garder une voix forte, a soudainement craqué. Il avait envisagé un scénario d’horreur : abandonner son décathlon olympique le 2 août, juste après le début du 100 m, la première des dix compétitions de son sport. Se propulser des blocs de départ et s’arrêter presque aussitôt, pendant que les autres compétiteurs poursuivent leurs routines sans lui. Il envisageait le ridicule, l’humiliation de cet abandon rapide. Dix, peut-être vingt mètres et puis rien, sous les regards de 80 000 spectateurs à la fois compatissants et moqueurs. « Moi, j’ai très souvent regardé des choses sur les samouraïs. Je m’en fiche de me blesser. Mais me ridiculiser dans le Stade de France… » C’était trop pour l’orgueil du guerrier Mayer. Les larmes l’ont interrompu. »
Avant que Kevin Mayer ne révèle les détails alarmants de sa blessure, il avait choisi de demeurer impassible face à la situation. Sa réticence à participer aux Jeux de Paris inspire la méfiance en raison de son comportement antérieur, que certains interprètent comme étant trop centré sur son propre inconfort.
Ses détracteurs n’avaient pas hésité à crier à l’insincérité lorsque Mayer, lors d’un meeting à Charléty le 7 juillet, avait perdu connaissance après avoir franchi le huitième obstacle du 110 m haies, avant de rester étendu sur l’herbe, vociférant de douleur. Dès lors, Mayer et son cercle rapproché ont gardé le silence sur la nature de la blessure, créant une atmosphère de doute et d’incertitude.
Mayer a finalement expliqué la gravité de sa blessure comme s’il était un professionnel de la santé décrivant une affection complexe. Il a révélé que le tendon de son muscle semi-membraneux ischio-jambier était déchiré à 95 %. Ainsi, il a admis qu’il était très près d’être confronté à un manque total de tendons. Courir dans de telles conditions est un défi considérable. Sa blessure est authentique et sévère, contrairement aux murmures de scepticisme de ses détracteurs.
À présent, Mayer espère remédier à cette situation périlleuse en transférant la fonction de l’ischio-jambier semi-membraneux à son homologue, l’ischio-jambier semi-tendineux. Cette tentative de faire fonctionner le muscle sans la contribution de l’autre est douteuse. Il estime ses chances à seulement « 10 % ».
L’artiste a cédé la scène au joueur de paris sportifs. « La croissance que j’ai connue cette semaine me donne l’espoir que j’ai une probabilité de 10% de commencer le sprint, a-t-il évalué. Je suis conscient que de nombreux docteurs affirmeront qu’il y a une chance de 0%. » Ce mercredi sur le terrain de l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance (Insep) ou cet jeudi au Stade de France, Kevin Mayer tentera de les contredire. Il se donnera la possibilité d’un ultime effort et d’un dernier espoir. « Si je ne parviens pas à courir à pleine vitesse sur une distance de trente mètres, sans aucune douleur, il est certain que je ne pourrai pas le faire sur 100 mètres. » En criant au ciel, « Ce sera vraiment un miracle si cela fonctionne, » tout en espérant que Dieu comprend le verlan.
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