Autrefois, les troupes de théâtre nomades menaient un périple à travers la ville, faisant revivre les décors et les costumes, échauffant l’enthousiasme du public avant le spectacle. Cette pratique est toujours en vigueur avec les cirques itinérants qui parcourent nos rues, avec les jongleurs et les acrobates animant la parade pour attirer les enfants vers le chapiteau. Ce scénario charmant a été reproduit par la Seine à Paris lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques 2024 le vendredi 26 juillet. Les cracheurs de feu, les funambules et les acrobates ont apporté de l’énergie et de l’excitation à cet événement normalement protocolaire. Pour la première fois dans l’histoire des JO, la cérémonie n’a pas eu lieu dans un stade.
Les athlètes étaient sur la Seine à bord de divers types de bateaux, dansant, agitant des drapeaux, et envoyant des baisers avec une charmante spontanéité. Pour eux, traverser Paris était une célébration. Malgré une pluie persistante qui menaçait de tout submerger, le public sur les quais et les ponts applaudissait joyeusement à la procession haute en couleur des Jeux. Autour de la rivière, l’atmosphère était électrisée par une multitude de visages et de mains agitant. Étaient-ils des fans, un public, un peuple ou plusieurs peuples ? Quel que soit le nom qu’on leur donne, ils formaient un spectacle à eux seuls, qui montrait leur désir effréné de participer et de croire en cet événement ce soir-là.
Dans le cours de cette journée singulière, la principale ville s’est métamorphosée en un bloc isolé dès le lever du soleil. Une perturbation considérable, décrite comme une « attaque massive » par la SNCF, a mis hors service une portion des chemins de fer nationaux. Plus personne n’arrive, ni ne part. Les célébrations, ainsi que leur mise en place, ont contraint les responsables à restreindre puis finalement à clore totalement l’espace aérien. Soudainement, Paris est devenue le centre de l’univers, se trouvant en magnifique solitude.
Au sein même de la métropole, la présence policière a entravé la circulation dans des zones étendues, surtout aux abords du cours d’eau, bloquant le passage des véhicules et parfois même des piétons. Avec ces embûches successives, on avance tant bien que mal, en solitaire, en groupe, en clan, en représentation, en famille, mais on avance. Les rues se sont teintées des couleurs des drapeaux omniprésents, accrochés aux fenêtres, portés sur des t-shirts, tenus à la mains. Il n’est même pas nécessaire de se renseigner sur les origines de chacun: voici des Mexicains, des Brésiliens, des Américains, des Néo-Zélandais, l’ensemble de la planète s’est donné rendez-vous au bord de l’eau. Un peu plus loin, on aperçoit une combattante chinoise d’un jeu vidéo, deux Britanniques en tenue de soirée, d’autres vêtues comme des célébrités pour une montée des marches. L’atmosphère vacille entre une finale de football et le Festival de Cannes.
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