« Au Japon, terre natale du judo, ce sport traditionnel propre à l’Empire du Soleil Levant, se trouve actuellement en phase décadente. Fondé en 1882 par le respecté Jigoro Kano, ce sport martiaux connaît un déclin manifeste. Une réputation de sport brutal et dangereux engendre une diminution rapide du nombre de participants – de près de 202 000 en 2004, ils ne sont plus que 122 000 en 2021.
« Il est regrettable d’observer une telle régression dans le nombre de participants », admet Tatsuru Saito, l’un des potentiels concurrents de Teddy Riner pour les prochains Jeux Olympiques de Paris, en catégorie poids lourds, et une des nouvelles étoiles montantes du judo japonais. Selon lui, fils du double champion olympique Hitoshi Saito, décédé en 2015, « il est crucial en tant que sportifs de donner le meilleur de nous-mêmes pour représenter et promouvoir notre sport ».
Malgré ce contexte difficile, grâce à des infrastructures solides et une tradition d’excellence, la performance des judokas japonais à l’échelle internationale n’est pas affectée. Lors des JO de Tokyo en 2021, ils ont remporté neuf des quinze titres possibles. Depuis que le judo a été introduit aux jeux olympiques en 1964 – à Tokyo également – le Japon a gagné 31,5% des médailles d’or disponibles.
Rigidement ancré dans une société traditionnelle, ce sport martial a longtemps été vénéré. Dans un pays où peu d’activités sportives sont pratiquées pour le loisir, les judokas s’exercent six jours par semaine, avec un dévouement total à leur discipline. Un terreau propice à toutes sortes de débordements. »
En 2013, l’équipe féminine de judo nationale a soulevé des accusations de violence à l’encontre de plusieurs entraîneurs, y compris l’ancien champion du monde en -60 kg de 1993, Ryuji Sonoda. Ils ont été accusés d’avoir utilisé la violence, telle que des gifles et des coups de canne en bambou, pour entraîner. À la suite de ce scandale, le ministre de l’Éducation et des Sports, Hakubun Shimomura, a déclaré qu’il était temps pour le Japon de renoncer à l’idée que l’usage de la violence pouvait être un outil de formation.
Dans son livre « Judo Jiko », publié en 2023 et non traduit, Ryo Uchida, professeur de sociologie de l’éducation à l’université de Nagoya, rapporte que 118 jeunes Japonais sont morts entre 1983 et 2011 à cause de blessures subies lors de l’apprentissage du judo dans les collèges et lycées. En réaction à ces incidents, une organisation de parents d’élèves, The Japan Judo Accident Victims Association, a pris la décision de se battre pour ces victimes.
Selon Pierre Flamand, un judoka qui réside au Japon depuis 1996 et membre du comité de marketing et de relations publiques de la Fédération japonaise de judo (AJJF), le judo était enseigné de la même manière aux enfants et aux adultes jusqu’à récemment. Il a constaté que les personnes proches des enfants gravement blessés ont pris la parole devant les formateurs locaux pour les sensibiliser à la violence dans le sport. Heureusement, les accidents sont désormais exceptionnels.
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