Il est fort probable qu’Elohim Prandi sera toujours honoré pour ses remarquables prouesses sportives dans dix ou quinze ans, une fois à la retraite. Cette estimation ne sera pas déraisonnable, surtout en prévision de l’exceptionnel que Prandi pourrait rejoindre : le notable club des athlètes dont un geste sportif porte leur nom, à l’instar de figures sportives marquantes tels l’Américain Dick Fosbury (en saut en hauteur), l’Autrichien Alois Lutz (en patinage artistique) ou le Tchèque Antonin Panenka (en football). L’unique critère, c’est que d’autres athlètes parviennent à reproduire le tir spectaculaire qu’il a réalisé le 26 janvier à Cologne (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), en demi-finales de l’Euro masculin contre l’équipe suédoise.
L’arbitre venait de siffler la fin du match. Avec un but d’avance pour la Suède (26-27), l’équipe française de handball était presque assurée de disputer la finale pour la troisième place. Il ne restait qu’un tir franc à effectuer, face à une défense suédoise robuste de six joueurs tendant leurs bras. Prandi a pris son tir. Il a tiré avec une détermination incroyable, surtout en plongeant latéralement pour déjouer la fortification scandinave. Le ballon a terminé sa course sous la barre du gardien suédois, Andreas Palicka, créant une vague de stupeur parmi l’ensemble des spectateurs de la Lanxess Arena, remplie de supporters suédois. La suite, on la connaît : une victoire de l’équipe des Bleus après prolongation (34-30) et un quatrième titre de champions d’Europe arraché aux dépens de l’équipe danoise en finale (33-31).
Par un coup de hasard du calendrier, les détenteurs du titre olympique retrouvent leur archi-rivaux danois le samedi 27 juillet pour leur première apparition aux Jeux, qui se tiendront à L’Arena Paris Sud 6 à 21 heures. Le nouveau statut d’Elohim Prandi sera inauguré lors de cette compétition où il jouera un rôle à la fois de sauveur de l’équipe nationale et de pyrotechnicien de service. Sa frappe redoutable qui a fait le buzz sur Internet l’a transporté « sur un petit nuage », comme il le décrit, faisant référence à un état de légèreté et de « plénitude » qui a commencé juste avant l’allumage de la mèche. Il avait saisi le petit ballon glu, à 12 mètres du but ennemi, en attente du coup de sifflet de l’arbitre. « J’étais dans ma zone », raconte-t-il, « J’étais totalement absorbé par mes émotions, exempt de stress et de pression, pleinement confiant. Intuitivement, je savais que c’était le bon moment, « Mon » moment, celui où je devais démontrer mon talent pour atteindre la victoire « . Son tir force à revoir les règles de jeu.
Actuellement, deux dénouements s’ajoutent à cette histoire. D’une part, Elohim Prandi et Andreas Palicka, coéquipiers chez Paris Saint-Germain (PSG) et partageant une chambre lors des déplacements, n’ont jamais rediscuté de ce but sensationnel. Andreas étant aussi un ami à Prandi, malgré leur différence d’âge de 13 ans, ce dernier n’a jamais ressenti le besoin de se vanter à ce sujet. Ils ont préféré éviter le sujet.
D’autre part, à la suite de la controverse qui a suivi le match, la Fédération internationale de handball a jugé utile de modifier sa règle concernant le jet franc. Désormais, il n’est plus permis de lever le pied d’appui, ce qui ajoute de la complexité à la situation. Pour autant, l’arrière insiste sur le fait que cette précision dans le règlement n’élimine en rien la validité de son but. A noter que ce n’était pas une première pour lui. En championnat de France, Elohim Prandi a déjà réalisé trois buts similaires, dont un même encore plus fantastique, à Créteil.
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