Par une matinée pluvieuse dans le 13e arrondissement de Paris, Michel de Vallois profite de l’abri de la terrasse du café Au soleil d’Austerlitz. Il compte parmi les 85 bateliers choisis pour conduire les sportifs lors de la parade inauguraux des Jeux Olympiques à Paris, prévue pour le vendredi 26 juillet. La flotte partirait de quelques mètres de là, sous le pont d’Austerlitz, marquant le début de la procession par voie fluviale, sur le Seine, qui s’étire sur six kilomètres jusqu’au pont d’Iéna.
Le 23 juillet, un mardi caractérisé par des conditions météorologiques défavorables, a contraint à l’annulation d’une des deux répétitions prévues ce même après-midi. La semaine avant le début des jeux, les bateliers avaient un emploi du temps surchargé par des réunions de sécurité finales et des essais techniques.
Est-ce que notre pilote ressent du stress à l’idée de naviguer son bateau, Le Senang, face à un million de téléspectateurs et plus de 300 000 badauds sur les quais, y compris une centaine de dirigeants mondiaux? « Un peu, nous allons vivre une expérience incroyable », avoue-t-il. Mais il se sent surtout bien préparé : « Je connais le trajet comme le fond de ma poche, je l’ai emprunté des milliers de fois. »
Dans les jours précédant la cérémonie, le travail consiste à vérifier la mécanique et à nettoyer le bateau pour qu’il soit impeccable, précise-t-il. Le Senang, nommé d’après une île au large de Singapour et construit en 1976 avec une coque en bleu marine, « a beaucoup de charme », se targue son propriétaire.
C’est la magie de Paris.
Le transport d’une délégation par le capitaine du bateau sera maintenu en secret jusqu’à la toute dernière minute en raison de considérations sécuritaires. Une chose est sûre : l’équipe ne comprendra pas plus de onze sportifs, compte tenu de la capacité maximale du navire de 12 mètres de long. « J’ai bien sûr tenté de deviner la formation de l’équipe, en ciblant tous ceux qui ont moins de dix athlètes », s’enthousiasme le pilote de 54 ans.
En temps normal, une dizaine d’individus participent aux voyages de deux heures « élégants et décontractés » sur la rivière. C’est une entreprise assez récente pour lui : après dix ans au cœur du tourisme fluvial, Michel de Vallois est devenu indépendant fin 2023 en se procurant un petit bateau, dans l’idée de se rapprocher de ses passagers.
À l’âge de 40 ans, il a mis fin à une carrière commerciale de quinze ans dans une entreprise de presse spécialisée dans le transport de marchandises, pour se tourner vers la profession qui l’a toujours passionné depuis son enfance. C’est son père, un marin, qui lui a inculqué son amour pour la navigation : il a reçu son premier Optimist à 11 ans, puis a appris à naviguer sur un bateau à rames, et finalement sur des voiliers et des bateaux motorisés.
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