La communication entre les arbitres français de différents sports a été mise en lumière lors d’un rassemblement à la tour Montparnasse à Paris. Parmi eux se trouvaient les jumelles Charlotte et Julie Bonaventura, arbitres de handball depuis un quart de siècle, Najib Chajiddine, qui officie les matchs de basket 3×3, et François Letexier, arbitre de Ligue des champions de football. Tous ont été choisis pour arbitrer les Jeux olympiques de Paris, qui débuteront le 24 juillet. Ce rassemblement a été organisé par La Poste, qui soutient historiquement les arbitres français.
L’initiative, rare selon le renommé arbitre de football François Letexier, a été très appréciée. Elle a permis aux arbitres français de se rencontrer et de discuter, une occasion rare étant donné leurs emplois du temps chargés. Letexier, 35 ans, qui a récemment été élu meilleur arbitre de Ligue 1, est particulièrement enthousiaste à l’idée d’arbitrer les Jeux Olympiques de football, un événement dont il a toujours rêvé depuis son enfance.
Charlotte et Julie Bonaventura, les soeurs arbitres, anticipent avec impatience leurs responsabilités lors de la messe d’été, mais pas pour les mêmes raisons. Comme Nikola Karabatic, un visage familier pour elles, les sœurs Bonaventura concluront leur carrière de handball à l’issue des Jeux Olympiques, qui seront leurs quatrièmes. Elles s’accordent à dire que c’est une excellente manière de faire ses adieux au sport qu’elles aiment tant. Bien qu’elles ne ressentent pas encore de tristesse, elles reconnaissent que cela pourrait changer lors de leur dernier coup de sifflet.
La préparation pour les Jeux Olympiques est une expérience sans précédent pour les arbitres français, qui sont reconnus comme les meilleurs dans leur domaine et qui sont des vétérans des compétitions prestigieuses. Ils sont familiers avec les Championnats du monde et les Coupes d’Europe. Cependant, se préparer pour les Jeux Olympiques est une expérience unique. Najib Chajiddine se réjouit de cette expérience unique qui inclut l’assistance d’un préparateur physique depuis sa nomination pour les Jeux Olympiques il y a quatre mois, ainsi que le respect d’un temps de sommeil précis. Il arbitrera le basket-ball 3 × 3 cet été à la place de la Concorde.
La manière d’aborder un événement sportif peut varier en fonction de la discipline. Pour François Letexier, arbitre de football, par exemple, il lui faudra ajuster son « style » lors des Jeux Olympiques. La majorité des joueurs qu’il arbitrera ayant moins de 23 ans – en accord avec le règlement – il anticipe déjà les implications de ce détail non négligeable. « J’ai conscience que les tactiques pourraient être plus imprévisibles, les équipes moins stables… Il est nécessaire d’être conscient de ceci pour être aussi performant et flexible que possible pendant le match », déclare-t-il.
Comme des athlètes qui subissent une pression accrue en performant devant leur auditoire, les Jeux Olympiques « à domicile » peuvent également s’avérer être un piège pour les arbitres. C’est ce que Najib Chajiddine redoute. « A l’étranger, j’ai des habitudes essentielles que je perds lorsque je suis en France, déclare-t-il. Ici, je suis sollicité par ma famille, mes amis, les médias, la fédération… C’est un environnement inhabituel et j’éprouve des difficultés à rester centré. Je crois que cet été sera plus aisé pour les arbitres étrangers que pour les Français. »
Un autre élément à considérer pour lui – ainsi que pour tous ses collègues français – est que ses désignations de match pendant le tournoi seront influencées par les performances de l’équipe de France. Si, par exemple, les Bleus du basket 3×3 atteignent la finale, Najib Chajiddine devra regarder le match depuis chez lui, abandonnant son rêve d’arbitrer une finale olympique. « Mais il est plus important que les sportifs français atteignent les étapes ultimes des compétitions, pas les arbitres », admet-il avec humour.
« Il y a un manque de reconnaissance, » ajoute-t-il.
Malgré leurs similitudes, athlètes et arbitres ne sont pas totalement égaux. En effet, pour les arbitres de sports collectifs, il est impossible de préparer leur match à l’avance. Ils doivent s’informer sur les joueurs seulement la veille du match. Les détails du match ne sont connus des arbitres que 24 heures avant son commencement dans le but de prévenir toute influence indue de la part des équipes en jeu.
En plus de cela, ils ne disposent pas d’espaces pour leurs proches durant les Jeux Olympiques et sont parfois obligés d’acheter des places. Julie Bonaventura, une arbitre, considère cela comme le manque de reconnaissance envers leur profession, mais ne juge pas cela primordial. François Letexier, un autre arbitre, déplore le fait que les arbitres ne participent pas au défilé sur la Seine lors de la cérémonie d’ouverture du 26 juillet, cela n’a jamais été mis en pratique, mais il pense que cela serait une excellente idée.
Malgré leur rôle crucial dans le bon déroulement des matchs, la vie n’est pas toujours aisée pour les arbitres. L’introduction de l’assistance vidéo a certes aidé à minimiser les erreurs graves, mais l’essor des médias sociaux n’a pas simplifié leur tâche. Comme le disent les sœurs Bonaventura, les erreurs commises se retrouvent rapidement sous le feu des projecteurs mondiaux. Pour se protéger, François Letexier a opté pour une stratégie simple : il évite les médias sociaux et ne consulte que très rarement les analyses de sa performance. Il n’a pas l’intention de modifier ces habitudes pour les Jeux Olympiques.