Après une pause de huit ans, la Corée du Nord est de nouveau présente aux Jeux olympiques, une occasion souvent utilisée pour promouvoir ses politiques. Dans une tenue blanche représentant le drapeau national et un badge avec les images des leaders du pays, la délégation de Pyongyang a atterri à Paris le dimanche 21 juillet. Selon le comité olympique nord-coréen, leur présence vise à « illustrer la dignité nationale et à stimuler l’esprit des nord-coréens ».
Menés par le ministre des sports, Kim Il-guk, les seize sportifs – douze femmes et quatre hommes – concourront dans des disciplines telles que la gymnastique, le ping-pong, la boxe, la lutte, et le judo. Leur ambition est de surpasser leurs précédentes performances qui ont inclus deux médailles d’or (en haltérophilie et en gymnastique), trois d’argent et deux de bronze obtenues aux Jeux de Rio de Janeiro en 2016.
La Corée du Nord n’a pas pris part aux Jeux de Tokyo en 2021 en raison de la pandémie de Covid-19, qui a conduit à la fermeture de ses frontières en janvier 2020, et à cause de ce qu’ils ont appelé « l’activisme des forces ennemies », faisant indirectement référence aux Etats-Unis et leurs alliés.
La décision de ne pas participer aux Jeux au Japon avait été perçue comme un boycott, conduisant le Comité international olympique (CIO) à suspendre la participation de la Corée du Nord à tout événement olympique. Les athlètes nord-coréens n’ont donc pas pu participer aux Jeux d’hiver à Pékin en 2022. Cependant, cette suspension a été levée en décembre 2022, permettant à la Corée du Nord de participer de nouveau aux Jeux olympiques.
Les jeux Olympiques ont souvent été utilisés pour servir les intérêts politiques de Pyongyang. En exemple, en 1984, comme le reste de l’Union Soviétique, la Corée du Nord a boycotté les Jeux Olympiques de Los Angeles. L’année 1988 n’a pas été différente, avec un boycott des Jeux tenus à Séoul, considérés comme des ennemis. Pyongyang avait proposé d’être co-hôte avec le Sud, mais les pourparlers avaient échoué. Deux agents nord-coréens avaient même fait sauter un avion de Korean Air, la compagnie du Sud, en novembre 1987, entraînant la mort de 115 personnes, en guise de perturbation. Les confrontations se multipliaient le long de la DMZ entre les deux pays. En réponse, la Corée du Nord avait organisé un Festival international de la jeunesse en 1989.
Vers la fin des années 90, grâce à une politique dite de « rayon de soleil », les délégations des deux Corées ont marché ensemble sous une bannière blanche avec une carte bleue de la péninsule unifiée lors des cérémonies d’ouverture des Jeux olympiques de 2000, 2004 et 2006.
Cependant, ces gestes de bonne volonté semblent désormais disparus.
En 2018, cependant, lors des Jeux d’hiver de Pyeongchang en Corée du Sud, ils ont refait de même, alors que les tentatives de rapprochement avaient été relancées par le président sud-coréen de l’époque, Moon Jae-in (2017-2022), et le leader du Nord, Kim Jong-un. Pour soutenir les équipes des deux pays, Pyongyang avait même envoyé 230 supporteurs.
En février 2019, profitant d’un climat de rapprochement, Pyongyang et Séoul présentèrent une candidature conjointe pour organiser les Jeux Olympiques de 2032. Le Comité International Olympique avait apprécié cette démarche, affirmant que « le sport pourrait à nouveau contribuer à la paix en Corée et dans le monde ».
Néanmoins, cinq ans après, cette harmonie semble s’être dissipée. La relation entre les deux nations semble encore plus tendue qu’auparavant, en raison du rapprochement entre Pyongyang et Moscou concernant la guerre en Ukraine, des tentatives de tests de missiles par la Corée du Nord et des manœuvres militaires effectuées par les forces américaines et sud-coréennes. Le chef de la Corée du Nord, Kim Jong-un, a même désigné le sud comme son « ennemi principal » en janvier. Dans ce contexte tendu, l’éventualité d’échanges lors des Jeux de Paris entre les deux Corée parait extrêmement improbable.
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