Devant les gradins remplis de jeunes en chasubles de diverses couleurs du stade Georges-Pompidou de Villemomble, Stéphane Troussel semble être sur un nuage, en ce mercredi pluvieux de fin mai, à seulement cinquante-huit jours du début des compétitions de Paris 2024. Même si les élections européennes approchent et que le climat politique est plutôt sombre, il reste stable. Le dirigeant du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, affilié au Parti Socialiste, s’est rendu sur place pour remettre des billets pour les Jeux olympiques et paralympiques aux élèves du département qui participaient à un triballon, une version combinée de football, rugby et handball.
Les pelouses du stade communal, qui jouxte le grand bâtiment HLM blanc et gris de la cité Benoni-Eustache, ont été rénovées spécialement pour ces Jeux. L’arrivée de Stéphane Troussel sur les lieux est saluée par les cris enthousiastes des enfants. « Nous allons accueillir le plus important événement sportif international, et je souhaite que vous soyez les plus nombreux à vous joindre à cette célébration », déclare-t-il en procédant au tirage au sort pour déterminer les classes gagnantes.
Des équipes s’organisent sur le terrain que l’officiel, habillé en jeans, baskets blanches et parka bleu marine, parcourt à grandes foulées. L’entraîneur sportif qui dirige le groupe, s’adresse à ses élèves qui hésitent : « Vous le reconnaissez, c’est l’homme qui vous suit sur Instagram. » En effet, le compte Instagram de Stéphane Troussel est aujourd’hui une plate-forme publicitaire vantant le « 9-3 ». C’est d’autant plus vrai depuis que le territoire qu’il préside attend d’accueillir les Jeux, après avoir été souvent critiqué et stigmatisé. C’est un retour de flamme pour l’homme de cinquante ans, fils d’employés municipaux, qui a grandi à La Courneuve, et souvent traité avec une certaine condescendance par ses pairs. « Les Jeux ont clairement renforcé notre position et changé la perception de notre département, » affirme-t-il.
Tout ceci, c’était avant l’impact politique provoqué par l’élection européenne du 9 juin. Et avant aussi ce message d’alerte concernant la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, qu’il a reçu le soir des résultats : « J’étais furieux contre ce fauteur de troubles qui n’a cessé de placer le Rassemblement national sous les projecteurs et qui, soudainement, lui ouvrait la porte et mettait la République en danger. On avait l’impression qu’il venait gâcher notre célébration. »
Inaugurations, réunions, cérémonies…
L’agitation politique a bouleversé la routine quotidienne du chef du département, reléguant les questions des JOP à une place secondaire. L’attention s’est réorientée vers la politique nationale et l’homme politique a repris son rôle de porte-parole de son parti. « Bien que les réunions concernant les Jeux Olympiques aient persisté, j’ai grandement participé aux débats internes du PS et à la campagne du Nouveau Front Populaire », reconnaît Stéphane Troussel, dont l’impact politique s’est davantage manifesté.
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