Lors de sa première participation au Tour de France, Paul Lapeira, 24 ans, membre de l’équipe Decathlon-AG2R La Mondiale, a réussi à trouver sa place au sein d’un peloton « verrouillé ». S’allongeant sur sa table de massage le soir de l’étape de Nîmes, le mardi 16 juillet, le Normand partage ses « émotions ». Il décrit son aventure en trois phases, chacune symbolisée par une couleur : le bleu, le blanc, et le rouge, en référence au maillot tricolore qu’il arbore lors des étapes du tour.
Première phase – Bleu : « J’étais en phase avec l’instant »
Lapeira raconte que c’est au col du Galibier, dans les Alpes le mardi 2 juillet, qu’il a pleinement pris conscience de l’ampleur de l’événement. L’effervescence des spectateurs au bord des routes était telle qu’il n’avait expérimentée que rarement avant. Les encouragements continue lors du championnat de France, la semaine avant le départ du Tour, étaient rassurants mais c’était en Normandie, presque chez lui. Cependant, il était maintenant propulsé par les acclamations de milliers d’inconnus. Quand il n’est pas entièrement concentré sur l’arrivée et que la douleur dans ses jambes est supportable, il peut prendre le temps de regarder autour de lui. Si par hasard il remarque un drapeau normand flottant au vent, il s’efforce de saluer du geste de la main.
La reconnaissance qui accompagne sa participation dans la compétition est une sensation nouvelle pour lui. Au col du Galibier, il a pu entendre des encouragements comme « Allez Paul ! Bon courage aussi Madouas! », faisant référence à Valentin Madouas, de l’équipe Groupama-FDJ, le précédent porteur du maillot de champion de France.
Cette fois, j’ai pris le temps de profiter de l’instant présent. C’était un magnifique col, le ciel était d’un bleu étincelant. J’ai dévié en montant le col du Lautaret, j’ai fourni des bidons [à mes leaders], pour m’immoler une dernière fois avant d’atteindre la fin. Je suis ici pour soutenir les autres, c’est ma façon de me sentir présent sur le Tour. »
Blanc : « On se pose la question, qu’est-ce qu’on fait ici ! »
« On a parfois le sentiment d’être perdu dans le flou durant la Grande Boucle. L’idée d’aller très loin d’ici traverse souvent notre esprit ! C’est amusant, en y réfléchissant, mais on se bat toute l’année, voire toute une carrière, pour avoir la chance de participer à cette compétition et, une fois qu’on y est, on se demande vraiment ce qu’on fait là. On retrouve des équipes et des cyclistes que l’on croise pendant la saison, mais qui ne sont pas exactement les mêmes. Le Tour nous change, on est plus orienté vers l’objectif, on pousse nos limites.
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