Seulement deux jours après que deux membres du XV de France ont été arrêtés pour des accusations d’agression sexuelle, deux récits divergents émergent. La victime a été soumise à une « violence terrible », a rapporté son avocate à l’Agence France-Presse (AFP) le mercredi 10 juillet. Cependant, l’avocat des deux joueurs insiste sur le fait que les échanges sexuels étaient « consentis ».
Hugo Auradou, joueur en deuxième ligne de Pau âgé de 20 ans, et Oscar Jegou, troisième ligne de La Rochelle âgé de 21 ans, ont quitté Buenos Aires durant la journée pour être conduits à Mendoza, à 1 100 kilomètres de la capitale, où ils doivent répondre aux accusations de la justice argentine.
Les joueurs du XV de France ont été placés en garde à vue suite à leur arrestation lundi, dans le cadre de l’enquête sur des accusations de violences sexuelles. Selon le droit argentin, cela peut englober des actes allant de l’agression sexuelle au viol aggravé, qui sont passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à vingt ans de prison.
L’agression présumée s’est produite la nuit du samedi au dimanche, à l’Hôtel Diplomatic de Mendoza, où séjournaient les joueurs et le staff français, suite à leur victoire (28-13) contre les Pumas.
« L’agressivité basée sur le genre est d’une gravité extrême, la déshumanisation est extrême », a déclaré Me Natacha Romano, avocate de la plaignante, ajoutant qu’il aurait été question d’un « abus sexuel atroce », impliquant deux personnes, avec violence. Me Romano a décrit l’agression présumée comme « avec accès charnel », qui est la définition juridique argentine du viol.
Des « incohérences » notées.
Mᵉ Romano, l’avocate, a déclaré que sa cliente avait été ramenée à l’hôtel par un des athlètes concernés, en l’occurrence ‘Hugo’. Ce dernier, selon elle, s’est emparé de sa cliente dès leur arrivée, l’a projetée sur le lit, a commencé à la dévêtir et l’a brutalement frappée, provoquant un hématome manifeste sur le visage de la victime. D’après l’avocate, il l’a également étranglée au point qu’elle pensait mourir et malgré ses cinq tentatives d’évasion, ‘Hugo’ l’a retenue.
Ces affirmations sont cependant contestées par l’avocat de la défense. Ce dernier stipule que le jeune Français a invité la femme à venir dans les toilettes des hommes à la discothèque où ils s’étaient rencontrés. Elle prétend avoir hésité mais a finalement accompagné le joueur à l’hôtel où elle a attendu qu’il trouve la clé de la chambre pour monter. D’après Me Cuneo Libarona, frère du ministre argentin de la justice, Mariano Cuneo Libarona, cela est une preuve irréfutable de son consentement. Il a également déclaré que bien que la victime affirme avoir été agressée, les caméras de surveillance de l’hôtel indiquent le contraire, comme il l’a expliqué à plusieurs médias, dont l’AFP.
Oscar Jegou et Hugo Auradou ont reconnu avoir eu des rapports sexuels avec la jeune femme en question, mettant cependant de côté toute accusation de comportement violent, comme mentionné dans une annonce officielle de la Fédération française de rugby (FFR) mardi. Le président de cette Fédération, Florian Grill, ayant rencontré les joueurs à Buenos Aires le même jour, a exprimé à l’AFP son vœu que l’affaire soit résolue rapidement, soulignant certaines « incohérences ». Grill a visité Mendoza mercredi où il a rencontré un assistant de la procureure et l’avocat responsable du cas, ce dernier ayant soulevé des questions sur le récit initial qui pourraient remettre en cause plusieurs déclarations.
La procureure générale de Mendoza, Daniela Chaler, a déclaré que les déclarations de la plaignante étaient longues, bien élaborées et détaillées, correspondant aux premières conclusions médico-légales. Les blessures coïncident avec le témoignage de la victime mais l’origine de ces dernières ne réside pas forcément dans une agression sexuelle, a expliqué la magistrate à la radio LV10 qui a demandé que les deux joueurs soient placés en détention provisoire.
« Si les allégations sont confirmées, elles sont d’une atrocité inqualifiable. Mes pensées vont à la victime », a noté Amélie Oudéa-Castéra, la ministre française des sports, après la révélation de l’affaire qui a choqué l’équipe de rugby nationale. Le sélectionneur des Bleus, Fabien Galthié, a commenté que c’était « une journée très dure, un moment difficile à vivre ».
Après avoir triomphé de l’Uruguay (43-28), l’équipe de France de rugby se prépare pour son prochain affrontement contre les Pumas à Buenos Aires ce samedi. Suite à cette victoire, le demi de mêlée et capitaine du jour, Baptiste Couilloud, a partagé son soulagement : « Nous avons eu à gérer une forte dose d’émotion. Notre rôle consiste à jouer et gagner ce match, et nous avons rempli notre mission. »
Parlant du samedi soir après le match, l’entraîneur William Servat a révélé que l’équipe avait partagé un moment et un repas en commun. « Ensuite, tout le monde a eu un moment de détente et de liberté, et comme vous le savez, le reste s’est suivi », a-t-il ajouté. Par ailleurs, la tournée a été marquée par l’expulsion de Melvyn Jaminet, l’arrière de l’équipe, qui a été contraint de retourner en France suite à des remarques racistes dans une vidéo diffusée dimanche dernier.