Une scène rare dans le cyclisme moderne s’est déroulée récemment : de petits concurrents osant bravement s’échapper pour affronter les titans du sport ; et cela s’est manifesté par deux victoires françaises en deux jours lors des deux premières étapes du Tour de France – un exploit qui n’était pas arrivé depuis 1968. Cette ouverture du Tour de France contredit ses propres traditions. On assiste à une renaissance du cyclisme traditionnel, imprévisible, généreux et plus équitable parmi les différentes classes de cyclistes.
Le protagoniste du dimanche 30 juin est Kévin Vauquelin, âgé de 23 ans, membre de l’équipe bretonne Arkea-B & B Hotels, qui a remporté la deuxième étape du Tour de France, parcourant les routes italiennes de Cesenatico à Bologne. Le Normand, qui fait ses premiers pas dans la compétition, succède à Romain Bardet, vainqueur de l’étape de samedi en échappée, qui a perdu son maillot jaune au profit de Tadej Pogacar le dimanche. « J’ai su saisir les opportunités, jouer intelligemment », déclare Kévin Vauquelin. « Il y a eu quelques déceptions ces dernières semaines, mais je savais que ma chance viendrait. »
Son moment de triomphe a commencé à 190 kilomètres de l’arrivée, lorsqu’il s’est joint à un groupe d’onze coureurs en échappée, puis à 14 kilomètres de l’arrivée, lorsqu’il a lancé son offensive sur une des plus formidables montées du cyclisme italien. Son épopée a eu lieu au sanctuaire de la Madonna di San Luca, surplombant Bologne, sur une pente brutale de 20%, sous l’œil attentif des arcades et des balcons bordant le circuit, tels les loges d’un théâtre à l’italienne.
La clémence de Pogacar.
Au cours de cette course, les athlètes étaient confrontés à l’ascension d’un parcours ardu, similaire à un sentier de pèlerinage, qu’ils devaient escalader à deux reprises. « Au début, j’étais en pleine forme et j’avais pensé à pulser l’effort, mais je suis resté prudent étant donné la distance restante (environ 30 km) », a avoué Vauquelin. C’est lors de la seconde grimpée qu’il choisit de déployer toute son énergie. Selon lui, parmi ceux qui l’accompagnaient, personne ne possédait le même dynamisme. Après une puissante accélération, il franchit finalement la ligne d’arrivée avec une avance de 36 secondes sur son rival le plus proche, le porte-maillot à pois Jonas Abrahamsen.
Sur ces mêmes pistes, toutes les anticipations se focalisaient sur l’attaque de Tadej Pogacar. Ce favori du Tour de France est spécialement connu pour sa façon redoutable de prendre contrôle des courses et réussir à s’imposer toujours et partout. Cependant, dans cette course, le Slovène a eu un comportement inhabituel en choisissant de ne pas dominer l’événement. Plutôt que de commander à ses coéquipiers de rattraper les athlètes en tête lorsque l’avance diminuait à cinq minutes, il a laissé l’écart augmenter jusqu’à neuf minutes. Cette décision garantissait effectivement la sécurité des leader en cas d’éventuelle embuscade de la part de Pogacar vers la fin, ce qu’il a fini par faire dans les montées de San Luca.
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