Pour la trentième fois dans son histoire, le Stade toulousain se retrouvera dans la grande finale du championnat de France de rugby, apportant une touche de tradition à l’événement. Cependant, le reste de la célébration du Top 14 doit s’adapter à un calendrier sportif plutôt chargé. Initialement prévue pour le samedi, la finale aura lieu le vendredi 28 juin à 21h05 pour ne pas être éclipsée par l’Euro de football. De plus, elle ne se déroulera pas au Stade de France, actuellement en préparation pour les Jeux olympiques, mais au Stade-Vélodrome de Marseille. Une autre nouveauté notable est la présence d’une équipe qui n’est pas souvent en course à ce stade du championnat : l’Union Bordeaux-Bègles.
Créée en 2006 suite à la fusion du Stade bordelais université club et du Club athlétique béglais, l’UBB ne possède pas une collection de trophées aussi impressionnante que celle de son adversaire et c’est la première fois qu’elle atteint la finale du Top 14. Néanmoins, les équipes de Bordeaux et Toulouse partagent plus qu’une section de la Garonne : elles ont toutes deux l’ambition de percevoir jusqu’au bout leur adversaire.
D’après l’ex-joueur Lionel Beauxis, ayant joué pour les deux équipes, la finale promet d’être une explosion de talents, puisque ces deux équipes ont exposé le meilleur jeu de la saison. La célèbre citation « jeu de mains, jeu de Toulousain » trouve un écho significatif dans les performances d’Antoine Dupont, Romain Ntamack et Thomas Ramos. Ces trois joueurs ont propulsé leur club en tête du classement d’essais (108) de la saison. Cependant, les Girondins pourraient s’approprier cet adage, poussés par leur ligne arrière internationale, incluant des joueurs tels que Maxime Lucu, Damian Penaud, Louis Bielle-Biarrey et Matthieu Jalibert. Ce dernier, malgré une blessure à la cuisse, a réussi à se positionner comme titulaire en finale.
L’ancien joueur et entraîneur du club rouge et noir, Yannick Bru, est maintenant à la tête de l’UBB. Il a apporté avec lui de Toulouse une approche audacieuse et axée sur l’offensive. « Quand nous excellons en première ligne, nous avons les ressources nécessaires pour finir le travail en arrière », avait-il déclaré après le triomphe sur le Stade français (22-20) en demi-finales.
Selon Félix Le Bourhis, un ancien du centre de l’UBB, Yannick Bru est venu avec une ambition féroce de jouer un jeu novateur. Cette ambition était déjà présente et a joué un rôle clé dans l’attraction des supporters au stade. Leur désir ? Ressentir des émotions fortes durant les matches.
Face aux équipes de Paris, les supporters bordelais ont ressenti de l’angoisse avant de se sentir soulagés, notamment lorsque l’adversaire Joris Segonds a raté une transformation décisive en fin de match qui aurait conduit à une prolongation. Selon Le Bourhis, l’avantage des Bordelais se trouve dans leur jeu de transition rapide mais ils peuvent rencontrer des difficultés lorsque le jeu est davantage serré comme il le fut en demi-finales, bien qu’ils aient réussi à remporter la victoire.
La puissance de la routine
Les joueurs de Toulouse, confiants dans leur jeu, sont restés fidèles à leur style lors de leur qualification pour la finale. En dépit de quelques erreurs, ils ont brillamment joué contre la formation rochelaise indisciplinée et réduite à treize à la suite de deux cartons rouges. Ugo Mola, l’entraîneur de Toulouse, exprimait cependant un certain mécontentement concernant le niveau de jeu affiché lors de ce match malgré leur victoire 39-23, grâce à cinq essais tous réalisés par des défenseurs.
Les Rouge et Noir ont fait preuve de leur puissance et de leurs exigences habituelles, ayant ajouté un trophée européen à leur palmarès cette saison. Par contre, l’Union Bordeaux-Bègles, qui avait bien commencé cette Champions Cup, n’a pas réussi à franchir le stade des quarts de finale, alors qu’ils étaient sur le point de rencontrer Toulouse dans une demi-finale.
Est-il envisageable que les Bordelais jouent de manière plus défensive en finale afin de contrecarrer les attaques de leurs adversaires ? « Il n’y a pas de honte à remporter des matches grâce à la mêlée ou au jeu au pied, mais j’espère que la partie sera un peu plus positive », a déclaré Yannick Bru jeudi.
En dépit des apparences, ce schéma semble loin d’être le plus fiable. Félix Le Bourhis considère que la puissance de Toulouse repose également dans leur attaque. De plus, avec la chaleur typique de Marseille, les Toulousains bénéficieront d’un avantage de fraîcheur, n’ayant pas joué de match de barrage et ayant obtenu une journée de repos supplémentaire après la demi-finale.