Bien que l’Euro de football en Allemagne se déroule en même temps que les Jeux olympiques, en France, c’est le climat politique qui accapare l’attention du public. Même si le célèbre éthnologue Christian Bromberger a déclaré que le football représente « la frivolité la plus sérieuse du monde », et Bill Shankly, ancien entraîneur de Liverpool, l’a considéré comme « bien plus qu’une question de vie ou de mort », le footballeur Kylian Mbappé a admit que la situation nationale importe « plus que le prochain match ». Les discussions trépidantes autour des contributions de Ousmane Dembélé en attaque, ou de l’harmonie apparente de la défense ne sont pas authentiquement appréciées à cause de ces circonstances.
Quand le tournoi final sera terminé, il est possible que l’extrême droite soit au pouvoir en France. Si les Bleus, étant parmi les favoris, se rendent à la finale à Berlin le dimanche 14 juillet, on se demande quelle résonance l’hymne national français, La Marseillaise, pourrait avoir si Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), était à Matignon lors du coup d’envoi. Il serait étrange de célébrer la fête nationale avec une victoire.
L’équipe française est souvent considérée comme un symbole d’unité dans le pays, malgré la brièveté de ces moments de célébration. Depuis l’après-1998, il est clair qu’il ne faut pas les surestimer ni les réduire à de simples beaux clichés.
Il y a une tendance à la réappropriation du drapeau tricolore.
Malgré l’illusion des représentations nationales, un peuple les adore, tout en étant conscient de leur nature fictive. Il a tendance à favoriser ce genre d’unification, car la réduction de millions de personnes en une équipe de onze joueurs donne un sentiment de réalité. C’est un point de vue soutenu par l’historien britannique Eric Hobsbawm.
Dans les stades, le peuple embrasse avec fierté le drapeau tricolore, ignorant les significations qu’il peut porter ailleurs. En chantant l’hymne national, il n’y a aucune intention de porter atteinte à un pays voisin autre que par le biais d’un tir de football précis. En 2018, avec Antoine Griezmann, nous avons tous crié joyeusement : « Vive la France et vive la République ! »
Le chauvinisme sportif est perçu comme le dernier vestige inoffensif des nationalismes d’antan, une manifestation heureuse et introspective qui inspire nécessairement une tolérance, étant donné que le sport est, en théorie, répulsif des discriminations.
L’équipe de France, simplement par le fait de jouer, combat le racisme depuis longtemps, ce qui l’a rendue une cible pour le Front national dès les recensements ethniques procédés par Jean-Marie Le Pen dans les années 1990. Le parti a par la suite régulièrement manipulé l’équipe nationale, notamment pour critiquer les « Français de papier » difficiles à intégrer. Ces dernières années, grâce à leurs performances, l’équipe nationale est parvenue à redevenir une équipe de football plutôt qu’une expression des obsessions identitaires.
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