Lors de leur combat à Lyon au Palais des Sports, le boxeur Kosovar Liridon Koxha n’a pas laissé un instant de répit à son rival français, Tahar Belkhir. Les deux pugilistes, courageux et résistants à la douleur, ont échangé des coups tout au long du combat. L’affrontement a eu lieu le vendredi 31 mai et le spectacle a ravi l’assistance. Beaucoup ont filmé la bataille avec leurs téléphones, d’autres encourageaient bruyamment leur pugiliste préféré. Bien qu’il ait perdu aux points après six rounds, Tahar Belkhir a gagné l’estime et l’admiration du public. Un spectateur a ainsi salué sa détermination et son refus de n’être qu’un pion.
Une femme demande à son partenaire combien les boxeurs gagnent. « Entre 6 000 et 7 000 euros », suppose-t-il. Mais la réalité est bien différente. Pour son quatrième combat professionnel, Tahar Belkhir, 25 ans, n’a gagné que 1 000 euros. Des boxeurs plus expérimentés rapportent une rémunération variant entre 1 500 et 3 000 euros. Selon Medi Boufoudi, 33 ans, boxeur professionnel depuis 2018 (onze victoires, une défaite et un match nul) et 22e dans sa catégorie des super-mi-moyens, le portrait de Floyd Mayweather dévorant des flots de billets est trompeur. En réalité, la boxe n’est pas un sport très lucratif.
En principe, un pugiliste se lance dans une carrière pro après avoir acquis une certaine expérience en boxe amateur, celle qui est pratiquée aux Jeux olympiques. En milieu professionnel, les duels sont plus intensifs et peuvent atteindre jusqu’à douze rounds, comparativement à trois pour les amateurs. Les points sont comptabilisés différemment: en boxe pro, on valorise davantage l’efficacité et la force des frappes (avec des gants moins rembourrés), tandis que la boxe olympique, donne plus d’importance au nombre de coups.
En France, 351 personnes font de la boxe professionnelle. Néanmoins, seulement une quinzaine d’entre eux parviennent à en tirer leur subsistance, selon Jean-Charles Aivadian, l’hôte de la chaine YouTube Boxe Attitude. Pour mettre en perspective, les joueurs de la National 3 (5ème division) de football perçoivent au moins 1 747 euros brut chaque mois, l’équivalent du salaire minimum. Les basketteurs de la Pro B (2ème division) touchent en moyenne une rémunération mensuelle nette de 4 500 euros, avec certaines paies tombant à 1 500 euros. Ces revenus sont garantis, quel que soit leur montant.
Par contre, les pugilistes agissent comme des auto-entrepreneurs : leur rémunération leur est versée sous forme de chèque chaque fois qu’ils se retrouvent sur le ring. Pour protéger leur santé, ils ne se battent généralement que trois ou quatre fois par an. Leur entraîneur reçoit 10% de chaque prime. Ils ont également des frais à assurer eux-mêmes : la licence, l’équipement, des contrôles obligatoires (bilan ophtalmologique, test d’effort, angiographie du cerveau, etc.), des soins (cryothérapie, massages, etc.), et plus encore.
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